Publié dans Politique

Fête de la Nativité - Pas de trêve politique

Publié le vendredi, 26 décembre 2025

Traditionnellement, la période de Noël est associée à une forme d’accalmie. Une pause tacite des tensions politiques, sociales ou médiatiques, souvent résumée par l’expression de « trêve de la Nativité ». Mais cette année, à Madagascar, cette trêve semble avoir été rangée au placard.

Dans les heures précédant Noël, plusieurs événements politiques majeurs sont venus troubler l’atmosphère supposée apaisée des fêtes de fin d’année. Le premier fait marquant est intervenu hier même jour de Noël. Une « perquisition » a eu lieu dans les hangars du groupe Sodiat, installés à la ZITAM Toamasina, menée notamment par des éléments mixtes, selon les échos en provenance de la ville du grand port. Ceux-ci n’auraient présenté ni documents ni attendu les représentants légaux du groupe pour mener leur mission. Ils ont directement pénétré les lieux pour mener leur fouille avant de changer les clés et les cadenas des hangars qu’ils ont ouverts de force.

 

Parmi ces hangars scellés figure un de la JIRAMA qui y est locataire. Des équipements électroniques comme des écrans plats, stabilisateurs, décodeurs, box wifi, auraient été embarqués. Ni les responsables du site, ni le huissier, ni les avocats n’ont pu suivre le déroulé de la « perquisition », étant eux-mêmes interdits d’accès au site par les gens ayant fait la fouille, qui auraient d’ailleurs menacé de revenir incessamment. L’observateur se demande donc quid de la note prise en Conseil des ministres rappelant le respect strict des procédures pénales dans le cadre d’une perquisition. Un simple effet d’annonce ?

Tensions

Force est en tout cas de constater que cette perquisition fait suite à une série d’événements politiques ayant troublé la fête de la Nativité. Cela a commencé par l’interpellation de l’activiste Moussa Soalihy, assistant parlementaire du député Milavonjy Philobert Andriasy, vice-président de l’Assemblée nationale et chef de l’opposition parlementaire. À ce jour, aucune communication officielle n’a permis de connaître les raisons exactes de cette interpellation, ce qui laisse place à toutes sortes de conjectures.

Il y a ensuite ce qui s’est produit au sein de la Haute Cour constitutionnelle. Lundi, trois nouveaux membres de cette haute juridiction avaient été nommés par décret, à la suite d’une supposée démission de trois hauts conseillers. Problème : ces derniers, tous nommés sous l’ancienne présidence, ont formellement démenti toute démission, publiquement, le soir même.

Le lendemain matin, fait pour le moins singulier, ces trois hauts conseillers ont été « accompagnés » par les forces de l’ordre depuis leur domicile jusqu’à leurs bureaux à Ambohidahy. Après y avoir passé quelques minutes, ils ont été convoqués à Iavoloha pour un entretien de près de quatre heures avec les tenants du pouvoir actuel. Une rencontre qui, de l’aveu même des intéressés, n’a débouché sur aucun compromis. Chacun est resté campé sur ses positions.

Pressions

Quoi qu’il en soit, les trois nouveaux membres de la HCC ont été installés le soir même, vers 19 heures, comme si une urgence institutionnelle absolue commandait d’agir sans délai. Le lendemain, mercredi 24 décembre, veille de Noël, deux décisions successives sont venues ajouter à la stupeur générale. La HCC « new look » a prononcé la déchéance de deux sénateurs, le général de corps d’armée à la retraite Richard Ravalomanana, ancien président du Sénat, et Lalatiana Rakotondrazafy, tous deux considérés comme proches de l’opposition.

Le motif invoqué est leur absence lors de l’ensemble des débats consacrés au budget 2026, assimilée à une démission d’office. Une décision qui interroge, d’autant plus que le mandat des sénateurs arrive à échéance dans moins d’un mois, échéance après laquelle ils ne bénéficieront plus de l’immunité parlementaire.

Simple hasard du calendrier ou calcul politique soigneusement orchestré ? Dans l’après-midi du même mercredi, il a été révélé que le général Richard Ravalomanana avait été convoqué à la gendarmerie pour « atteinte à la sûreté de l’État ». Des rumeurs persistantes évoquent par ailleurs de possibles procédures visant d’autres parlementaires, des députés IRMAR comme Lanto Rakotomanga, Naivo Raholdina, Tinoka Roberto et d’autres. Est-ce là la «menace» lancée par le gouvernement en fin de semaine dernière qui annonçait aller prendre des «mesures» contre les députés Orange? Une chose est sûre, la trêve de la Nativité n’a pas eu lieu. Reste à savoir si la fin de l’année apportera une accalmie… ou si cette séquence n’est que le prélude à d’autres turbulences politiques.

 

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Editorial

  • Opération délicate
    Le faux et l’usage de faux envahissent l’Administration, grand « A » s’il vous plaît, à savoir le domaine général qui englobe tous les secteurs d’activités de l’Etat ou de la République. Faux et usages de faux, du jargon populaire « fosika », faux diplômes ou certificats de fin d’étude gangrènent presque tous les Corps de métier de l’Administration entre autres les départements clés comme l’Enseignement supérieur, l’Education nationale, la Justice, la Régie financière, les Forces de défense et de la sécurité (FDS), etc. Les concours d’entrée dans l’administration publique sont infestés de faux dossiers. Des diplômes de Baccalauréat, de Licence, de Master I ou II se trouvent les plus menacés. Il y a eu même certains de faux diplômes de Doctorat !

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