Ce n'est pas par hasard, que le Président français, Emmanuel Macron, a fait des pieds et des mains pour convaincre les autres pays membres de la grande famille francophone d'élire une ressortissante rwandaise en la personne de Louise Mushikiwabo au secrétariat général de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) pour succéder à la Canadienne, Michaëlle Jean. Cette dernière était la favorite de l'ancien Président Hery Rajaonarimampianina pour se succéder à elle-même. Ce n'est pas étonnant ainsi qu'il avait poussé le luxe de snober la future Sg de l'OIF quand celle-ci voulait le rencontrer à Mauritanie, lors d'une réunion de la Francophonie. Louise Mushikiwabo voulait à l'époque s'entretenir avec le Président en exercice de la francophonie mais ce dernier a tout fait pour que cet entretien n'ait pas eu lieu. Il a fallu ainsi à la candidate rwandaise de se déplacer à Madagascar pour lui parler de son intention de briguer le poste de secrétaire générale de l'OIF. Fermons la parenthèse.
Dans son pays, le Président Paul Kagame est aussi le père-fondateur de l'Umuganda, des travaux communautaires obligatoires à réaliser le dernier samedi du mois. Le jour de l'Umuganda, tout le monde se donne à ces travaux communautaires dans le but d'apporter son édifice à la restructuration et au développement du pays. Le miracle rwandais s'est ainsi réalisé grâce en grande partie à cette autodiscipline de la population locale et au charisme du leader. L'Umuganda est ainsi un moyen efficace pour la reconstruction nationale. La pratique épargne au gouvernement rwandais des dépenses mensuelles évaluées à plus de 5 milliards d'ariary.
Copiée sur le modèle rwandais, la pratique est importée chez nous sous l'impulsion de la jeune ministre de la Communication et de la Culture Lalatiana Rakotondrazafy Andriatongarivo. La philosophie est simple : chaque citoyen se met volontiers au service de la communauté. Cependant, il n'est pas obligatoire à Madagascar. « On aimerait que chacun se conscientise par lui-même sur l'utilité des travaux communautaires pratiqués une seule fois par mois et ce en dehors des jours de travail. Le tenir dans les jours de la semaine me paraît antiéconomique », répète maintes fois la ministre de la Communication devant la réticence de certains et les critiques des autres.
Le « tagnamaro » se fait chez nous tous les troisièmes samedis du mois. La cinquième édition aura lieu bientôt après le succès retentissant des quatre premières. Par ailleurs, le « tagnamaro » s'est rapidement nationalisé, voire même s'internationaliser par la participation de toutes les chancelleries malagasy à l'étranger, de telle façon à séduire toutes les sections de la population et tous les services publics ainsi que le secteur privé. Son utilité à l'égard de la reconstruction collective de la vie nationale stimulée par la mise en œuvre effective de l'IEM n'est plus à démontrer.
Les événements tragiques en 1994 ayant dévasté le Rwanda, un petit pays, étaient le résultat de l'efficacité dramatique de la reconstruction idéologique du passé par les média. Officier général de l'armée rwandaise, Paul Kagame est élu à la présidence du Rwanda par les membres du gouvernement et du Parlement le 17 avril 2000. L'ancien vice-président et ministre rwandais de la Défense est ainsi le premier Chef d'Etat tutsi depuis l'indépendance du pays, en 1962.
Par hasard
Partisan du régime disciplinaire fort, le président Paul Kagame a fait introduire dans la Constitution du Rwanda le caractère obligatoire du service communautaire qui s'y déroule tous les samedis où seuls les ambulances et les véhicules des forces de défense et de sécurité sont autorisés à circuler. Ce n'est alors par hasard que le Rwanda est devenu un modèle de développement tant plébiscité à présent malgré un passé douloureux.
Le Président Paul Kagame était attendu à Antananarivo lors du Sommet de la Francophonie en novembre 2016. Empêché, il a dû envoyer la ministre des Affaires étrangères Louise Mushikiwabo, qui est l'actuelle secrétaire générale de l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), pour le représenter au rendez-vous francophone. Moins de trois années plus tard, il a accepté de venir mettre les pieds à Madagascar dans le cadre du renforcement de la coopération bilatérale après l'élection d'un jeune à la présidence de la République malagasy.
M.R.