Hier, l'affaire était passée en instruction au tribunal d'Anosy. En réalité, c'étaient les plaignants dans l'affaire, constitués majoritairement des membres de la famille des victimes, qui ont été auditionnés par la Justice. Des maires de communes du district d'Ambohimahasoa ainsi que le commandant de brigade de la Gendarmerie locale figuraient parmi les personnes auditionnées par les enquêteurs du tribunal, hier.
D'après notre recoupement, les trois individus assassinés seraient des dahalo repentis ou simplement des « dahalo niova fo », selon un jargon national. « Peu avant les dernières législatives, ils ont décidé d'abandonner leurs sales activités et remis leurs kalachnikov ou autres fusils aux autorités militaires à Fianarantsoa. Nous en étions témoins à cela », déclare une source d'information.
L'initiative et le geste de feu Roland et consorts, pour remettre leurs armes à la Gendarmerie de Fianarantsoa, n'auraient pas du tout plu aux membres d'une organisation de sécurité rivale ou « mpiray dina » locale, et ces derniers les auraient dénoncés aux militaires d'avoir toujours confisqué des fusils. Selon notre source, les recrues de ladite organisation accusatrice seraient donc des frères ennemis des trois victimes, du fait que ces dernières appartenaient à une autre organisation de sécurité de la collectivité locale d'Ambohimahasoa. « L'affaire, il faut l'avouer, a plutôt un dessous politique car à notre connaissance, ces militaires de la RFI seraient sous les ordres d'une personnalité d'Ambohimahasoa et non de l'Etat », continue-t-elle.
Selon toujours l'information, Henri avait été arrêté à Sahatona tandis que Roland et Ranary le furent alors qu'ils étaient au marché à Manandroy. Tous auraient été poussés à avouer qu'ils détenaient illégalement encore des armes à feu. « Dans le camion militaire, les trois hommes ainsi que leurs proches avaient été soumis à un interrogatoire musclé. Puisqu'ils n'ont trouvé quoi plus dire, ils les ont alors emmenés vers la Capitale. Mais en cours de route, ils auraient été torturés et que leurs tortionnaires les auraient pendus à la ridelle du camion, ce qui devait expliquer les marques de strangulation observées à leurs cous », selon l'information.
En attendant le prochain jugement des militaires impliqués, des bribes d'information, glanées auprès de sources concordantes, ont permis de savoir que 20 éléments de la RFI auraient été transférés à Antanimora, il y a de cela deux semaines. Seuls donc sept d'entre eux demeureraient à Tsiafahy actuellement. On ignore où doit se trouver le lieutenant qui les avait encadrés au moment des faits. Pour l'heure, le public est dans l'attente d'une version des autorités mais aussi la prochaine audience des militaires en cause.
Franck Roland