Publié dans Politique

Affaire « Vohibola » - Cris de cœur des Tangalamena faussement accusés

Publié le jeudi, 25 juillet 2019

Traumatisés. Joelina Talata, 84 ans, et Victor Rasoa, 63 ans, le sont. Le premier est président de l’association Razan’ny Vohibola qui protège la forêt éponyme contre ses pilleurs. Ce résident de Tsarahasina, une des dépendances du Fokontany de Topiana, est le plus vieux de tous les Tangalamena de la localité. Le second est un proche collaborateur de l’association villageoise. Par amour pour l’environnement, il s’engage volontiers dans la surveillance du couvert forestier.

 

Tous les deux exigent encore et toujours une réhabilitation après les mauvais traitements qu’on leur a infligés en avril. Ils s’adressent aux autorités et aux protecteurs des droits humains à ce propos. « Je demande à être rétabli dans mes droits. Je demande aussi que nous, les membres de l’association, le soyons tous », a lâché Joelina Talata au cours d’un entretien privé avec lui à Topiana.

En cours de classement

Le Tangalamena se tourne vers ceux œuvrant pour la promotion des droits de l’homme. « Je les prie de se pencher de près sur notre cas s’il n’y a pas eu de preuves fondées pour nous accuser », a-t-il insisté. La Commission nationale indépendante des droits de l’homme (CNIDH) est dans le viseur même si notre interlocuteur n’a pas prononcé le nom de cette institution créée en 2016.

Exprimant sa profonde affliction, l’octogénaire s’indigne. « Je suis attristé. Si mes collègues Tangalamena m’ont élu président de l’association, c’est parce que je ne suis pas un aliéné mental », a-t-il répété deux fois. Le 7 avril, un jour de dimanche, un groupe composé de deux femmes, trois hommes et six gendarmes a débarqué de bon matin pour arrêter les deux personnes âgées avec dix autres villageois plus trois contrebandiers pris en flagrant délit en pleine forêt de Vohibola, à présent en cours de classement patrimoine mondial de l’UNESCO (cf. notre édition du 16 juillet). Du coup, le monde entier a les yeux braqués sur Vohibola.

Véritable sacrilège

L’ancien Directeur régional de l’environnement et du développement ou (DREDD) d’Atsinanana aurait ordonné la mission. Le lendemain, au bout des manœuvres machiavéliques manifestement destinées à détourner l’attention au détriment des victimes innocentes, celles-ci ont fini par être conduites vers Toamasina où elles ont subi des traitements humiliants.

Selon le témoignage de Joelina Talata, un gendarme de deuxième classe de Brickaville, ivre, s’est permis en plein trajet de tripoter sa tête, privée de force de son sacré chapeau de Tangalamena, pour le contrarier. Un véritable sacrilège du point de vue de la tradition malagasy ! Une fois parvenus à destination, les douze villageois, plus les pilleurs de forêt arrêtés, étaient placés en garde à vue au bureau de la DREDD. Des journalistes locaux étaient appelés pour les photographier et filmer les yeux bandés comme s’ils étaient des bandits notoires capturés vivants par les gendarmes ou les policiers. D’évidence, les images et l’information s’y rapportant étaient passées en boucle à Toamasina. Joelina Talata garde précieusement dans ses archives personnelles une copie imprimée en couleurs sur du papier A4 de la photo du groupe aux yeux bandés.

Fervent catholique

Le Tangalamena l’amène toujours avec lui aux moindres déplacements surtout lorsqu’il est sûr de pouvoir rencontrer quelqu’un à qui il peut exposer le sujet. « On nous a mis au poteau et nous a détenus au bureau de la forêt durant moins de deux jours. Je pouvais accepter les traitements si j’avais commis une quelconque faute. De plus, ils (ndlr : les gendarmes) nous disaient qu’ils ne faisaient que d’exécuter un ordre », a-t-il rappelé.

Ce dimanche 7 avril, le fervent catholique s’apprêtait à communier avec les autres croyants. « Notre église a alors organisé une fête dont le coup d’envoi était donné la veille. J’espérais aller à une grande messe. Mais on est venus m’arrêter chez moi au vu de tous alors que je n’ai rien fait de mal. J’ai 84 ans. J’ai participé à la guerre d’Algérie en 1963-1965. Je vis pauvre. Mais mes mains n’ont jamais coupé même pas un seul arbre de Vohibola pour le vendre ailleurs », regrette-t-il.

« Je veux qu’on m’explique les vrais motifs d’une telle humiliation. Je demande à savoir l’identité du ou des donneur(s) d’ordre car nous ne le savions pas. Je le réclame en mon nom propre et au nom de l’association que je représente », a-t-il poursuivi. Des instances supérieures ont encouragé les villageois à porter plainte, ce qui était chose faite. Ils attendent toujours la suite à donner à leur requête.

M.R.

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