Publié dans Société

Escroquerie de 2 milliards au nom de la Présidence - L'épouse d'un colonel épinglée

Publié le mercredi, 21 octobre 2020

L'affaire a démarré en août 2019 à Imerintsiatosika.  Des aviculteurs locaux ont été arnaqués à hauteur de 400 millions d'ariary, soit le prix de plus de 10 000 unités de poulets de chair. A l'index : l'épouse d'un colonel en exercice ! Chaque fois qu'elle le voulait, elle a réussi à commander puis obtenir ces quantités de marchandises auprès de ces pauvres éleveurs, en prétendant agir au nom de la Présidence de la République, mais aussi de la Primature, sous prétexte d'approvisionner le Palais d'Iavoloha, sinon la Primature, et enfin pour les besoins des militaires basés à travers le pays . Pour mieux les convaincre, la femme de l'officier se les jouait par le sentiment en mentionnant aussi la mère du Chef de l'Etat en exercice. Or, ce qui était loin d'être le cas. Car ces deux plus grandes institutions n'ont jamais formulé une quelconque commande de poulets de chair. N'en parlons donc pas de l'Armée.

 

Les victimes, qui ont à la fois tant espéré tout en craignant leur interlocutrice, du fait de son soi-disant fonction au sein de ces entités, ont vite déchanté. Car le temps passait au fil des commandes, sans qu'elles n'aient toujours pas été payées ! Pire, elles ont vu leurs affaires  s'effilocher très rapidement à cause des promesses inlassables non tenues de cette femme pour les régler. Or, ce qui n'a jamais été fait car elle les a tout simplement menées en bateau.   

Le cas d'un père de famille mérite d'attirer l'attention. Sa vie familiale a été complètement détruite, sa femme devenait folle et il a surtout perdu son enfant. Tout cela, faute de paiement. Mais ce n'est pas tout. Ses co-éleveurs ont déversé leur colère sur le malheureux qu'ils ont taxé de menteur, étant donné que c'était lui qui a introduit les autres éleveurs auprès de la femme d'affaires supposées. Ils lui reprochent notamment de les avoir induits en erreur pour se faire plumer par cette femme.

De son côté, l'accusée qui a agi sous le parapluie de son officier de mari qu'elle cherche à protéger à tout prix, a, pour tenter de gagner du temps et apaiser la colère de ses interlocuteurs, avancé toute sorte d'arguments en guise d'explications de ces retards de paiement. Si elle n'a pas affirmé que le dossier se trouvait encore au service de contrôle financier, le président aurait encore voulu passer davantage d'autres commandes sous prétexte que celles-ci n'auraient pas été suffisantes.

30 mois ferme

L'impatience et la colère des éleveurs étaient telles qu'ils ont été poussés à porter plainte contre l'épouse du colonel. A la suite d'une enquête diligentée par les Forces de l'ordre, la concernée fut arrêtée vers la fin de l'année 2019, puis était placée sous mandat de dépôt en décembre de ladite année.

L'affaire était jugée en audience publique auprès du Pôle anti-corruption ou PAC des 67 Ha dans le courant de cette semaine. A la barre, l'accusée a reconnu les faits et le président de la Cour criminelle du PAC l'a condamnée à une peine de 30 mois d'emprisonnement ferme pour escroquerie, et notamment pour usurpation au nom du Président de la République et du Premier ministre. Quant à son époux, son protecteur supposé, un ordre de poursuite aurait été émis à son encontre, sans que cela n'ait toujours obtenu aucune suite.

Néanmoins, ses victimes ne se sentent pas vraiment à leur aise. Elles veulent que le Chef de l'Etat se penche sur leur sort, étant donné le préjudice subi.

Franck R.

 

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Editorial

  • Traque aveugle (II) ?
    Nous revenons à la charge. Au risque d’être taxé d’entêté, il nous est impossible de ne pas revenir sur le thème précédent (« Traque aveugle » du 14 /11 /25) afin d’interpeller vivement ce que nous appelions, au final, de traque aveugle à l’encontre des entités de productions appartenant à des nationaux et laisser, non-inquiétés, certains ressortissants étrangers souvent naturalisés malagasy aux pratiques douteuses. Des voix commencent à s’élever et finissent par remonter en surface. Ces voix discordantes inondent la toile et dénoncent : « pourquoi s’acharne-t-on sur certains rares Gasy, capitaines d’industrie, en laissant « en paix » les … autres ! Suivez mes yeux ! Lors de la première édition de la « Traque aveugle » du 14 novembre 2025, on était amené à capter l’attention du public sur certaines opérations militaires, des fois, musclées qui sont en fait, de source avisée, des perquisitions officielles. On différencie difficilement…

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