Hausse considérable du nombre des cas. Les viols et abus sexuels sur mineurs ont gagné de l’ampleur ces derniers temps. Engagée dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG), la Première dame encourage la dénonciation, même si les auteurs sont proches ou ont des liens familiaux avec les victimes…
Le décès de Tifania, une fillette de 7 ans violée à maintes reprises par un membre de sa famille, a suscité une tôlée générale. La victime a été abusée sexuellement par son oncle à 5 ans, mais un arrangement à l’amiable s’est fait à la place de la dénonciation. « Les relations et liens familiaux entre les victimes et les auteurs de violences sexuelles favorisent le silence des témoins. Dans certains cas, ce sont les beaux-pères, membres de famille ou voisins qui commettent ces crimes », constate Mialy Rajoelina, Première dame malagasy et non moins ambassadrice de lutte contre les VBG. Récemment, le grand-père d’une fillette de 11 ans figure parmi les suspects de son viol à Mandoto, selon les informations recueillies. « Osez briser le silence et dénoncer tout acte de violence… », encourage la Première Dame. « …Je condamne les abus sexuels envers les enfants. J’ai le cœur brisé en tant que femme et je suis en colère en tant que mère. Je ne supporte pas de voir les photos et vidéos publiées à ces sujets », ajoute-t-elle, tout en présentant ses condoléances aux familles des victimes.
Séquelles à vie
« Les viols sur mineurs peuvent entraîner la grossesse précoce, la perforation ou destruction d’organes ainsi que des séquelles à vie. Les victimes pourraient même en mourir », reconnait l’ambassadrice de lutte contre les VBG. Pourtant, certaines d’entre les victimes de violences sexuelles ainsi que leurs familles se murent dans le silence par peur d’être jugés ou persécutés par les auteurs. « Les enfants ont droit à la protection et à une prise en charge gratuite. Ce n’est pas de ta faute si tu as été violé, c’est de la faute de celui qui l’a commis. Ce coupable doit être condamné à une peine capitale », avance la Première dame. En connaissance de cause, la présidente de l’association Fitia a cité quelques cas de viols sur mineurs, dont le cas de Suzy, une jeune fille de 16 ans, à Ankadivoribe Sud. A cela s’ajoute le viol de 3 fillettes, celui d’une jeune fille à Moramanga et d’une autre âgée de 12 ans à Mahavatse Toliara. Une petite fille de 5 ans à Ivato et une autre de 12 ans à Fandriana, une adolescente de 16 ans à Antsirabe ainsi qu’une autre de 15 ans à Toamasina, avec une fillette de 7 ans, figurent aussi parmi les victimes. Tifania et également le jeune garçon de 14 ans résidant à Alakamisy Ambohidratrimo ont même perdu leur vie, relate Mialy Rajoelina.
Un an du centre spécialisé
Parmi les établissements où les victimes, leurs familles et proches peuvent consulter pour dénoncer les cas de violence, y compris les viols, le centre spécialisé dans la lutte et la prise en charge des VBG, implanté à Mahamasina, est opérationnel depuis novembre 2019. Ouvert au grand public, ce centre spécialisé est mis en place pour renforcer la dénonciation et le signalement des cas de violence. Il offre également le soutien et la prise en charge adéquats aux victimes. L’établissement dispose d’une salle d’écoute, d’un centre de formation socio-professionnelle, d’une salle de consultations médicales, de bureaux pour les avocats et la Brigade féminine de proximité (BFP) ainsi que d’une salle pour la prise en charge psycho-sociale des victimes. Assistantes sociales, psychologue, agents de Police, agents de santé et avocats y travaillent de concert pour assurer une prise en charge intégrée des victimes de VBG. Les femmes qui y consultent peuvent également bénéficier d’une formation pour leur réinsertion professionnelle, voire leur autonomisation. En un an d’existence, l’établissement a recensé des centaines de cas et divers soutiens aux victimes. « En plus du centre spécialisé, les dénonciations peuvent se faire auprès des centres d’écoute et de conseils juridiques répartis dans tout Madagascar, les centres " Vonjy ", la Police des mœurs et de protection des mineurs ainsi que la Gendarmerie nationale », souligne l’ambassadrice de lutte, laquelle n’a pas manqué d’exprimer sa reconnaissance envers les acteurs et les autorités.
Patricia Ramavonirina