Quant à son méfait proprement dit , rien n’a permis de déceler la supercherie, du moins au premier coup d’œil, car l’inspecteur aurait suivi la déontologie des mouvements de capitaux dans le service, dont il avait d’ailleurs la responsabilité. Par exemple, il donne bien des factures ou autres reçus aux personnes, aux partenaires du trésor, ou encore à des agents de recouvrement des organismes , surtout ceux d’autres ministères venus verser un fonds, ou effectuer un quelconque paiement dans son bureau. Mais en réalité, toutes ces sommes d’argent, il les empochait toutes ou du moins une partie.
Les questions-pièges du président de la Cour ont failli déstabiliser l’accusé pour expliquer le motif de son comportement.
Mais acculé, l’inspecteur a fini par lâcher prise, au fur et à mesure où les débats deviennent sulfureux. D’abord, il a déclaré avoir été confronté à un grave problème, un endettement jusqu’au cou, et qui l’aurait poussé à puiser directement dans les caisses du trésor public. “J’avais emprunté de l’argent à des usuriers. Or, les taux de remboursement étaient trop élevés que je n’avais plus les moyens de les rembourser convenablement. J’ai dû alors prendre directement dans la caisse du trésor”, s’était-il défendu.
A l’entendre bien parler, il s’est également comporté comme un homme d’affaires audacieux, et qui investit dans le transport, mais qui a finalement tout perdu. D’ailleurs, il a affirmé avoir utilisé une bonne partie du fonds volé en l’investissant dans l’achat de biens comme des camions, ou autres minibus.
Qui plus est, il affirme vouloir aider son épouse à monter et à faire fonctionner l’entreprise qu’elle a créée. Ce qui expliquerait également, du moins en partie, l’appétit gargantuesque de l’inspecteur de liquidités. Puisque l’accusé n’est donc pas en mesure de rembourser le trésor public, la Justice a dû procéder à une saisie des biens amassés par l’accusé et sa femme, maisons et véhicules compris. Notons que cette dernière n’a pas été pour autant poursuivie pour cela.
Après son arrestation vers le début de cette année, donc à l’éclatement de l’affaire, le Parquet d’Anosy l’avait fait placer sous mandat de dépôt le 4 février dernier. Après les deux trésoriers du ministère de la Justice qui ont été écroués au cours de la semaine dernière, également pour détournement de deniers publics, voilà donc que c’est au tour de cet inspecteur du trésor de leur emboîter le pas, c’est-à-dire derrière les murs de la prison.
Franck R.