Publié dans Société

Travail dans les mines de Mica dans l’Anôsy - Les enfants travailleurs traités comme des « esclaves » !

Publié le mercredi, 28 juillet 2021

Madagascar est classé 3è producteur mondial de Mica avec un revenu estimé à 6,5 millions de dollars. Le pays était le premier exportateur mondial en 2019. Pourtant, l’exploitation de Mica dans la Région Anôsy emploie beaucoup d’enfants, âgés de moins de 17 ans. Ils travaillent sans protection et dans des conditions désastreuses. Pour y faire face, le Gouvernement malagasy avec l’appui des partenaires, dont l’OIT, l’UNICEF et le PNUD, vient de présenter un plan d’action national conjoint de lutte contre le travail des enfants dans le secteur Mica.

Parmi les pires formes de travail des enfants. Les carrières ainsi que les mines de Mica, se trouvant dans plusieurs localités de la Région Anôsy, enregistrent de nombreux enfants travailleurs. Aucune autre activité n’est pratiquée dans les sites où se passe cette exploitation. Petits et grands y travaillent sans répit, mais les enfants endurent le plus de calvaire en étant traités comme des « esclaves ». Ils sont réduits à travailler au-delà de leurs capacités physiques et n’ont presque rien à manger durant leur journée de travail. D’ailleurs, le Réseau de protection de l’enfance (RPE) œuvrant dans ces localités considère le travail des enfants dans les mines de Mica comme une forme d’esclavage moderne.
F. fait partie des nombreux enfants travailleurs dans les mines de Mica dans la Commune de Tranomaro, District d’Amboasary. « Je me lève à 5h du matin et m’introduis directement dans la mine pour extraire le Mica. J’y sors à midi mais souvent, il n’y a rien à manger. Affamé, je retourne quand même dans le puits pour poursuivre les travaux. Si on trouve du Mica, on peut manger, sinon on rentre bredouille », avance ce petit garçon âgé d’à peine 10 ans. En fait, les garçons sont souvent envoyés au fond des mines pour creuser les puits et les tunnels, avec leur petite taille. Les filles et les moins robustes se chargent du tri des plaques de minéraux. Dans tous les cas, ces enfants travaillent plus de 10 heures par jour et ce sans aucun matériel de protection. « Nos mains sont meurtries par les pierres mais ce n’est pas grave car nous exerçons un travail d’endurance. Nous avons mal partout car c’est dur de buriner la mine et transporter les mottes de terre à la surface », témoigne M., l’un des enfants travailleurs. Outre les maladies respiratoires entre autres à cause des poussières, certains d’entre eux y perdent leur vie suite à des effondrements de mine ou à cause d’intenses fatigues causées par le dur labeur et la famine. Miha Refena, deuxième adjoint au maire de la Commune de Tranomaro le confirme. Ces témoignages ont été collectés dans la vidéo récemment publiée par le PNUD à ce sujet, intitulée « les enfants des carrières, héros malgré eux ».
Un plan national de réponse du Gouvernement
Un enfant sur 3 travaille dans des conditions dangereuses à Madagascar, selon le MICS 2018. Pour la Région d’Anôsy, 56% des enfants âgés entre 5 et 17 ans sont économiquement actifs. Bon nombre d’entre eux travaillent dans les carrières et les mines de Mica, notamment dans les Communes de Tranomaro, Behara et Ambatoabo. Selon une étude sur le recensement des petits exploitants du Mica dans les Régions Anôsy et Androy, menée en février et mars 2021, la moitié des mains-d’œuvre dans l’extraction, l’évacuation, le triage, le tamisage et le transport des produits vers les lieux de stockage et le point de collecte est constituée d’enfants âgés de moins de 17 ans. Les filles y sont plus nombreuses que les garçons.
Pour faire face à cette situation qui a fait du bruit au niveau mondial et ce depuis 2019, une équipe spéciale conjointe a effectué une descente dans les localités d’exploitation en janvier 2020 pour constater de visu les faits et y avancer des solutions. Un plan d’action national de réponse du Gouvernement a ensuite été élaboré et présenté à Amboasary Sud le 22 juillet dernier, lors de la célébration de la journée mondiale de lutte contre le travail des enfants. Ce plan propose divers axes d’intervention et ce pendant une année. La formalisation des activités d’exploitation minière artisanale se trouve en tête de liste. Ceci d’autant plus que l’exploitation du Mica est à la fois familiale et informelle. « Les collecteurs, des prestataires informels qui travaillent pour les opérateurs, récupèrent le kilo de Mica à 100 ariary. Un sac se vend à 5000 ariary alors que leur extraction nécessite beaucoup d’énergies, avec des risques vitaux pour les enfants travailleurs », souligne notre source auprès du RPE local. Le plan propose également l’engagement du secteur privé dans la lutte ainsi que le renforcement du système de protection des enfants. D’un autre côté, la mise en place d’un programme de protection sociale et le renforcement de la résilience des communautés dans les zones d’exploitation seront priorisés. Il en est de même pour l’éducation, la sensibilisation et la communication pour un changement de comportement. « Il faut protéger l’économie puisque les acteurs internationaux peuvent boycotter le Mica de Madagascar s’ils sont au courant que des enfants travaillent dans les mines d’exploitation », avertit Coffi Agossou, directeur pays de l’OIT.  Le plan d’action national conjoint pourrait y contribuer, en agissant dans l’immédiat.
Recueillis par Patricia Ramavonirina


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Editorial

  • La lutte continue !
    « Orange Day ». La journée internationale de sensibilisation de la lutte contre les violences basées sur le genre se tenait ce lundi 25 novembre. Une mobilisation générale sous la houlette de la Première dame, Mialy Rajoelina, visant la conscientisation sur les méfaits de cet anachronique délit, a eu lieu dans tout Madagasikara, au Kianjan’ny hira gasy, Ampefiloha pour Antananarivo. Etant entendu qu’il s’agit une Journée mondiale, des mouvements de sensibilisation parfois même de contestation contre les violences basées sur le genre ont été constatées à travers les grandes villes du monde. Paris, New-York, Londres et bien d’autres ont vu des manifestations logées à la même enseigne. Les femmes, de toutes les couleurs, de race, de religion, ont battu les pavés des grandes capitales pour dénoncer ce qu’il convient d’appeler les féminicides. Une nouvelle terminologie pour immoler sur l’autel de la justice humaine cette honteuse et désuète pratique.A Madagasikara, l’inusable…

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