« Je leur présente mes excuses car c’est par ma faute qu’ils sont maintenant devant la Justice », reconnait-il d’une voix faible. Pourquoi une faute ? A l’époque, c’est-à-dire en décembre 2020, un éventuel remaniement ministériel a circulé dans les coulisses et le Chef de l’Etat aurait été à la recherche de personnes répondant à ses critères d’embauche. “A la suite de la demande de madame Michou, j’ai alors fait passer par e-mail les noms de mes homologues sans que je ne les ai consultés au préalable mais me basant uniquement sur un renseignement à propos de leurs compétences respectives”, admet le Gal V.Ramahatra. C’était dans ces circonstances qu’il a proposé la liste des ministrables dont le premier comme futur chef du CEMA, le second à la tête du MINDEF, le troisième comme SEG, le quatrième comme le futur COMGN.
Toujours dans son argument de défense, le projet Apollo 21 ne lui correspondrait pas car contraire à ses intérêts dont personnel, professionnel, le concerné étant consultant auprès de MadaOil, mais aussi constitutionnel. « Si Apollo 21 fut mis en œuvre, il aurait fallu alors passer à une période transitoire. Or, une transition assassinera le contrat avec MadaOil. Mais Apollo 21 est également un acte anti-constitutionnel, donc néfaste pour Madagascar », explique-t-il au juge.
A preuve, sa déposition faite en octobre 2020 auprès du Parquet général affirmant que la tentative chez Paul Rafanoharana d’emprunter les 250 000$ en vue de la mise en œuvre d’Apollo 21, auprès d’une banque d’investissement dénommée B., a été un acte d’escroquerie pure et simple. ”C’était inacceptable”, déclarait le Gal Ramahatra.
La détention d’arme illégale par l’épouse de P.Rafanoharana
Voahanginomenjanahary Carolline, alias Voahangy, l’épouse de Paul Rafanoharana s’est présentée également à la barre, hier. Elle a eu à répondre de deux points de ses actes : cette affaire de détention illégale d’arme mais aussi les 900 millions d’ariary que la brigade criminelle avait confisqués au couple Rafanoharana. En ce qui concerne d’abord le fusil à pompe, l’accusée explique que c’était un ancien et défunt ministre de la Sécurité publique qui le lui a offert, pour sa sécurité personnelle. « Dans mes actions sociales se traduisant par des dons envers la Police nationale, les conteneurs provenant des donateurs ont commencé à affluer chez nous. Ce qui nous a valu d’être visés par des attaques armées. J’en ai parlé à mon ami le ministre qui a alors proposé de m’offrir ce fusil pour que je puisse me protéger, bien que je ne sache pas manipuler l’arme. Bien entendu, il a fallu le remettre aux autorités une fois le ministre décédé, emporté par la Covid. Mais puisque Paul et moi-même étions aussi très malades, nous n’avons jamais eu le temps de nous occuper des formalités », explique-t-elle à la présidente de la Cour.
Quant aux 900 millions, Voahangy a argué que l’argent proviendrait d’une certaine Florence, qui est membre d’une société secrète en même temps que son propre mari. « Paul allait monter une affaire dans la filière or avec l’objectif de revendre auprès de la Banque centrale de Madagascar. Il m’a chargée d’aller faire réception de cet argent non loin du parking de la cafétéria Spoon à Ivandry, et ce, par l’entremise d’un émissaire de Florence, prévu à acheter de l’or par grammes auprès des petits orpailleurs regroupés au sein de Madagold. Mais une fois que nous étions arrivés à la maison, la Police a débarqué pour confisquer le fonds », affirme-t-elle.
Un montage sonore ?
Mais les Rafanoharana ont dû retourner une nouvelle fois dans le box des accusés. En cause, donner des explications à propos d’une nouvelle preuve détenue par les avocats généraux, pièce fortement contestée par les avocats de la défense pour le simple fait que cet enregistrement leur est inconnu. La présidente de la Cour a proposé de l’auditionner en public, malgré une vive protestation des conseils de la défense. Car à entendre cette sorte de visioconférence, on croirait reconnaître la voix de Paul en conversation animée avec deux femmes dont l’une serait son épouse même. Cette situation a fait monter l’accusé franco-malagasy au créneau. « On m’a volé ma signature dans une déclaration en français à l’attention du directeur général de la banque B sur Apollo 21 alors qu’elle doit l’être en anglais. J’en suis extrêmement choqué. Maintenant, il y aussi donc ce vulgaire montage sonore. Sachez madame le président qu’en tant qu’informaticien de haut niveau, la technologie actuelle est telle qu’avec un logiciel bien enfant, on peut faire n’importe quel montage sur la base de la voix d’une personne », enrage Paul Rafanoharana.
Quant au Général Jocelyn Ravelonarivo, il fut trempé, entre autres par cette présumée disparition de 100 fusils au CAPSAT juste à un moment où Apollo 21 commence à être ébruitée. L’homme a nié catégoriquement toutes les accusations sur sa personne. Mais là aussi, c’était une autre faute du Gal Victor Ramahatra, si l’on peut l’exprimer ainsi. « Le Gal Ramahatra n’a pas bien compris ce qui s’était produit en octobre 2020 où le haut commandement procédait au rassemblement massif d’armes découlant d’une opération de désarmement des civils par les Forces de défense. Car sur les 1000 fusils récupérés et qu’il faudrait détruire, plus d’une centaine est de première catégorie. Et le Gal Ramahatra aurait interprété les choses autrement », dixit le Gal Jocelyn Ravelonarivo.
Franck R.