« Les menaces à notre égard s’enchaînent, même après la mort de notre père ». Harry Rakotoarisoa, le fils aîné du défenseur des ressources naturelles qui a été retrouvé assassiné à Andriatsihazo Andramasina, nous l’a confié. « Ma femme qui est enseignante subit presque quotidiennement des intimidations. En fait, nous sommes considérés comme des complices de notre défunt père dans le fait qu’il voulait assainir la gestion et l’exploitation de la zone forestière à Ankazondandy Beparasy, District de Moramanga », ajoute notre source. « Nous vivons dans la peur et ce en permanence. Si les auteurs du meurtre de notre père seraient relaxés par la Justice, la situation risquera de s’empirer. Ils devront être punis, non seulement pour l’assassinat mais aussi pour les exploitations illicites qu’ils ont commises depuis plusieurs années. Notre père a dénoncé à maintes reprise ces actes, au point d’être emprisonné en septembre 2021 puis assassiné, quelques mois après », révèle Andry Rakotoarison, le fils benjamin du défunt. Selon les témoignages de ses fils, Henri Rakotoarisoa a toujours eu des différends avec les trafiquants de bois de la zone forestière d’Ankazondandy à cause des dénonciations. « Mon mari était un homme intègre. Il ne s’est jamais laissé corrompre malgré les tentatives des exploitants. Maintenant qu’il est mort, ces derniers ainsi que les familles des personnes inculpées dans cette affaire nous font subir des pressions », nous confie Esther Rasoarinoro, la veuve du défunt, qui était à la tête du « Vondron’olona ifotony » (VOI) ou communauté de base « MIALO ».
Poursuite des actions
« Nous allons poursuivre les actions entreprises par notre père, malgré les intimidations à notre égard. Il a fait des dénonciations face aux exploitations illicites pour préserver les ressources naturelles, un héritage des générations futures d’après ses dires », avance le fils aîné du défunt. D’après la veuve, des bois précieux de cette zone forestière disparaissent, une fois saisis par les autorités locales, d’où les sonnettes d’alarmes lancées par le militant écologiste âgé de 70 ans. A cela s’ajoutent la coupe abusive d’arbres, entre autres pour la fabrication de charbon ou encore pour l’aménagement de surfaces cultivables. « La situation laisse croire que des trafiquants sont protégés par des autorités, vu que les exploitations illicites s’intensifient. Mais nous n'allons pas rester les bras croisés (…) », confirme l’épouse du défunt.
Après le déferrement des 35 personnes qui se sont rendues aux autorités suite au meurtre du président de la communauté de base « MIALO », le 7 juin dernier à Ambatolampy, 7 d’entre elles ont été placées sous mandat de dépôt, tandis que les 28 autres ont bénéficié d’une liberté provisoire. Pendant que les investigations sont en cours, le procès de ce crime se fera au Tribunal d’Ambatolampy, le 20 juin prochain. Une affaire suivie de près, non seulement dans le pays mais aussi au niveau international. Diverses institutions et organisations, à l’exemple du Système des Nations unies et l’Union européenne, ont déjà manifesté leur condamnation de ce meurtre, en demandant justice…
Patricia Ramavonirina