Une situation alarmante. La promiscuité, le manque d’eau, la malnutrition, etc. constituent des facteurs de vulnérabilité des détenus face à la pandémie de Covid-19. Les résultats de l’étude menée par l’association Zo et Autisme Madagascar, en partenariat avec « The Open Society Initiative for Southern Africa » (OSISA) auprès des centres pénitentiaires de Mahajanga, Maevatanàna, Toamasina et Fianarantsoa confirment le fait que les prisonniers restent sans protection face à la pandémie en milieu carcéral. « Les mesures de distanciation sociale demeurent non respectées à cause de la vétusté des infrastructures et de la surpopulation carcérale. Les agents pénitentiaires ont accepté volontairement de se faire vacciner, contrairement aux détenus. Bon nombre d’entre ces prisonniers doutent de l’efficacité de la vaccination anti-Covid, voire de l’existence de la pandémie au sein de la société et dans les prisons », rapporte Mbolatiana Raveloarimisa, de l’Autisme Madagascar. De plus, il n’y a pas eu assez de vaccins. Les hommes ont ainsi été privilégiés dans la vaccination, au détriment des femmes.
D’un autre côté, la malnutrition a eu raison sur la santé des détenus. Le manioc constitue leur principal repas alors que cela ne contribue pas à leur immunité. Pourtant, la suspension des visites familiales au sein des prisons a aggravé les choses. Ceci d’autant plus que leur famille étant leur pourvoyeur de nourriture. Cette interdiction de visite a également eu des impacts psychologiques sur les détenus, selon les résultats de l’étude. Face à cette situation, l’étude avance quelques recommandations. « Il faudrait voir d’urgence le système de santé dans les prisons. Même avec les cas graves, certains hôpitaux n’ont pas accepté d’admettre les prisonniers, avec leur situation juridique. Rendre les prisons plus salubres constitue aussi une nécessité. Pour ce faire, il faudrait voir d’urgence l’eau et le savon, entre autres. Aussi, il faudrait augmenter les budgets dans le volet "santé" en milieu carcéral, pour une meilleure prise en charge et protection des détenus », rapporte notre source. La création de centres pénitentiaires aux normes, respectant les droits humains, s’avère cruciale.
La restitution de l’étude sur la prévention de la propagation de la Covid-19 en milieu carcéral s’est tenue hier à Ankorondrano. L’atelier y afférent sera suivi par le partage des résultats au grand public ainsi qu’aux différentes structures et autorités compétentes.
Patricia Ramavonirina