« On arrive à peine à écouler une dizaine de lampions de tailles intermédiaires par jour, bien que leur prix n'a pas connu une hausse. Les modèles de plus grande taille ne trouvent pas acquéreurs. Cependant, il est à noter que les lampions de type décoratif, les plus petits, et dont le prix est de 300 à 400 ariary, sont très recherchés par les clients. C'est grâce à ces modèles que notre commerce tient la route pour l'instant. Ce sont les entreprises, les restaurants et autres grands enseignes qui en font le plus de commandes. Heureusement, sinon c'est la perte pour nous ! », a indiqué Martine, l'une des vendeuses de lampions œuvrant du côté de l'HJRA.
Malgré un regain de nationalisme pour l'utilisation de ces petites lanternes traditionnelles décoratives, la concurrence des produits « Made in China » reste très forte. Les petits jeux de lumières et bâtons lumineux ne cessent d'inonder le marché. Le prix n'explique pas pourquoi le « arendrina » est en mauvaise posture vu qu'il s'achète à partir de 500 ariary, alors que les lampions importés peuvent atteindre les 20.000 ariary. Il y a également une part de responsabilité des parents dans la balance. Ces derniers ont habitué leurs enfants à arborer les « lerigo », les lasers et autres nouveautés en mettant de côté le lampion traditionnel.
« C'est une question de goût et de mentalité. En effet, l'origine de l'utilisation des "arendrina" locaux n'a plus été mise en avant depuis trop longtemps. Par conséquent, la génération actuelle ignore les qualités de ces lampions locaux et est attirée par les produits d'importation. En plus de son côté pratique pour s'éclairer le chemin, le lampion avec le feu naturel représente le signe du renouveau, mais il chasse aussi les mauvais esprits. Cela explique que le lampion en papier doit être brûlé en fin de la célébration du 26 juin. Le feu emporte ainsi avec lui tous les mauvais présages. Et l'année prochaine, ce sera un nouveau cycle. Ainsi, l'apparition des lampions importés n'est pas la seule raison du déclin de l'"arendrina taratasy". L'éducation des enfants y est également pour quelque chose. Fort heureusement que des sensibilisations à son utilisation commencent à se frayer un chemin depuis quelque temps », explique Razilison dont la famille fabrique des lampions traditionnels depuis plusieurs générations.
Dans un Madagascar en reconquête d'identité, l'utilisation du « arendrina » doit être au moins maintenue, surtout dans le milieu urbain. Mais la décision finale appartient à chacun de nous…
Nikki Razaf