Il n’y a pas un jour sans que les abonnés de la compagnie d’eau et d’électricité ne se plaignent des coupures de courant à longue durée, lesquelles causent des pertes économiques énormes. Pourtant, les clients ne sont pas encore au bout de leur peine.
En effet, c’est l’hiver et la période sèche s’accompagne également du tarissement des cours d’eau. Cela va durer jusqu’en octobre prochain au minimum. Durant cette période, les délestages feront encore partie du quotidien des Malagasy.
Les centrales hydrauliques vont diminuer leur production au fur et à mesure que l’hiver avance. Les centrales comme Andekaleka, principal pourvoyeur du réseau interconnecté d’Antananarivo (RIA), vont ainsi avoir des difficultés jusqu’à l’arrivée des prochaines pluies. Les centrales hybrides, à l’instar de celui de Farahantsana, auront aussi une baisse de leur production.
La JIRAMA n’est pas sortie de l’auberge. Actuellement, la centrale d’Andekaleka accuse déjà une baisse de production. L’eau du barrage est à un niveau déjà en dessous de la normale. Le débit de l’eau qui sert à pousser les turbines n’est plus que de 31 m3 par seconde, s'il était encore à 46 m3/sec au même moment en 2022. Les précipitations étaient moins abondantes cette année, malgré le passage des cyclones. Les rivières qui alimentent les barrages hydrauliques se tarissent rapidement sans avoir atteint leur niveau maximum.
Le boulanger qui n’arrive pas à sortir à temps le pain le matin, les coiffeurs qui ont leur matériel endommagé, le poissonnier qui a vu ses marchandises fondre au cours de la nuit et qui sont devenues invendables le matin. Chacun d’eux doit ainsi composer avec l’inéluctabilité des coupures de courant.
La JIRAMA a annoncé que des solutions à court et à long terme sont déjà en cours. Le problème d’étiage est inhérent aux centrales hydrauliques. Madagascar n’est pas le seul pays concerné. C’est surtout le changement climatique et la rareté des précipitations qui changent le débit des rivières. La destruction de l’environnement a aussi des impacts réels sur l’énergie.
La multiplication de centrales marchant à l’énergie solaire fait partie des solutions avancées par la compagnie. Elle compte mettre en place des centrales solaires dans 32 Districts. Des mini-centraux hydrauliques seront aussi construits sur 46 sites. Marchant à l’énergie fossile, la centrale thermique d’Ambohimanambola verra sa capacité de production augmenter à 105 MW.
Dans la Grande île, la majorité des centrales marchent encore au fuel. Alors que ce dernier coûte cher et son prix dépend des circonstances internationales. La JIRAMA, en perpétuel déficit budgétaire, doit encore vendre à perte pour l’instant. En plus d’acheter le carburant, hormis le coût du loyer des groupes thermiques, il y a aussi le problème de l’approvisionnement du fuel dans plusieurs Districts dont les voies de communication sont très pénibles.
Une excuse de plus pour cacher l’incapacité de la société à gérer et à assurer son rôle, disent certains. « Ce genre de situation est déjà connu depuis des lustres. L’environnement est malade depuis un bon moment et la rareté de la pluie est un fait avéré et ce n’est plus à démontrer. Le vrai problème ici, c’est l’inexistence de vision des dirigeants, ou l’incapacité à réaliser leurs objectifs. Il n’y a que la visibilité et les coups de pub ici et là. Rien que de la poudre aux yeux », a confié un ancien client qui a basculé dans l’énergie solaire et s’est désabonné de la JIRAMA.
Effectivement, le carburant est conçu à palier les difficultés financières de la JIRAMA et sa capacité de gérer la compagnie. Les centrales hydrauliques sont handicapées par des problèmes environnementaux qui sont la cause de la baisse du niveau des cours d’eau. Sans eau, privées de son principal moteur, les centrales hydrauliques ne représentent qu’un handicap, plutôt qu’une solution. Des mesures d’accompagnement sur la restauration de l’environnement, au moins au niveau des sources d’eau, comme la plantation massive d’arbres le long des rivières et la construction de bassins de rétention d’eau pour éviter l’évaporation rapide de l’eau, sont essentielles. Les campagnes de sensibilisation de la population doivent également primer.
Nikki Razaf