Publié dans Société

Drogue dure et séjour irrégulier - 
Trois Mauriciens condamnés à 7ans de travaux forcés

Publié le vendredi, 15 décembre 2023



Les 9 personnes impliquées dans l'affaire de soi-disant trafic de 50 kg d'héroîne, supposément importés de Maurice en février 2023, ont comparu devant la Cour criminelle ordinaire du tribunal d'Anosy hier. Mais finalement, il y avait une disqualification des peines pour les accusés. Nous y reviendrons encore. Si 8 d'entre eux sont des Mauriciens, un seul est Malagasy. Au terme de 7h de débats houleux qui se déroulaient en français, la présidente de la Cour a finalement prononcé la sentence : 3 accusés dont Joyce Daniel Victoire (45 ans), Jairo Jean Patrick Victoire (42 ans), et Espelanoo Naim Beharry (25 ans) ont écopé chacun de 7 ans de travaux forcés pour détention et usage de l'héroine mais aussi pour défaut de papiers et de visa de séjour à Madagascar, enfin de contravention aux conditions et dispositions légales relatives au séjour au pays. Ils n'ont ni papier d'identité, ni passeport, ni aucune autorisation leur permettant de séjourner à Madagascar, encore moins des papiers du bateau qui les a conduits jusqu'à Madagascar.
En revanche, les 6 autres accusés dans l'affaire ont bénéficié d'un renvoi de fin de poursuite, donc simplement acquittés.

Devant la barre, les trois principaux accusés ont nié l'accusation de trafic international de drogue dont on les incriminait, du moins au début de l'affaire. En revanche, ils ont reconnu être de "grands addictés" à l'héroine. D'ailleurs, les autorités malagasy leur ont trouvé 839,4g de cette drogue qui constituaient en réalité leur consommation journalière. Devant le juge, l'un des Mauriciens raconte avoir commencé à s'injecter de l'héroine à 9 ans, et un autre à 16 ans ! Et que leur malaise, au moment où les gardes côtes malagasy ont récupéré les 3 naufragés mauriciens ayant échoué au large de Vohémar, à la suite de la dérive de leur yacht, serait expliqué par cet état de manque. Joyce Daniel, se défendant d'être simple pêcheur, fut déjà condamné à 8 mois de prison pour vol à Maurice : "Il n'y avait pas de cette drogue dans l'embarcation et explique qu'ils dérivaient pendant 17 jours sans manger. J'ai du échanger mes bijoux pour me procurer de 839,4g d'héroïne". A une question du juge à propos de sa dépendance à l'héroine, il ne cacha pas d'en consommer 3 g par jour.
Pour sa défense, Jairo Jean Patrick a avoué venir à Madagascar pour consommer de l'héroine. "J'ai été malade à cause du manque et du mal de mer", se défendait-il. Et il a nié connaître son co-accusé mauricien, un résidant dans la Capitale, et qui fut pointé du doigt d'avoir aidé et hébergé ses trois compatriotes naufragés. Mais la justice accuse J.J.Patrick d'entrer illégalement puis rester dans la Grande île sans papiers.
Espelanoo Naïm Beharry, lui, se déclare être tour opérateur. Mais la justice mauricienne l'avait déjà mis aussi en prison pour une semaine pour vol. A la question du juge de savoir s'il y avait ce grand bateau pour avoir repéré le yacht, Beharry répondait par le négatif. En revanche, il a reconnu avoir appelé son père au téléphone pour lui informer de leur naufrage. De leur côté, les avocats de la défense ont argué qu'il y avait une extorsion d'aveux lors de l'enquête préliminaire. Ces aveux extorqués auraient donc poussé l'un des accusés à expliquer aux enquêteurs malagasy qu'ils auraient quitté l'île Maurice sur un bateau envoyé par un certain Sébastien pour aller récupérer de la drogue au large des côtes nord-est de Madagascar. Même type de pression pour que les accusés soient amenés à dire qu'ils étaient en contact avec des Srilankais, qui étaient arrivés en bateau de pêche et qui leur auraient remis un colis de 25 kg d'héroine.Puis, ils seraient repartis rejoindre l'ile Maurice, mais leur bateau était tombé en panne sèche et qu'ils ont fini par s'échouer sur cette ile située au large de Vohémar. Notons que les Forces de l'ordre malagasy les ont arrêtés alors que les accusés expliquaient qu'ils ne faisaient que passer leurs vacances au pays. Tous ont été placés sous MD à Tsiafahy, le 17 mars 2023.
Rappelons brièvement les faits. Vers février 2023, un bateau de pêche Zodiac monocoque immatriculé PC6938-UL à bord duquel se trouvaient les trois Mauriciens en cause, était tombé en panne au large de l'océan Indien. Puis, ils dérivaient au large de la côte nord-est de Madagascar, précisément sur une île de Vohémar. Les naufragés y étaient restés pendant deux jours avant qu'un ressortissant mauricien résidant dans la Grande île ne vienne les y récupérer. Le même homme aurait ensuite hébergé ses trois compatriotes dans un hôtel sis à Ambohimangakely, puis finalement chez l'accusé malagasy que la justice a acquitté. Ce dernier a reçu les Mauriciens à Faliarivo-Ambanidia. Là, une perquisition par le service central de la lutte contre les abus de stupéfiants et de substances psychotropes chez l’hôte des Mauriciens avait permis d'y découvrir 839, 4 g d'héroine.


Franck R.


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Editorial

  • Visite d’Etat
    Le pays s’apprête à accueillir une visite d’Etat. Dans une ambiance effervescente, la Grande île se prépare à recevoir sur le sol malagasy, en visite d’Etat, le Président français Emmanuel Macron le 23 avril. Ce sera le 5ème voyage officiel d’un Chef d’Etat français à Madagasikara mais il s’agit cette fois-ci d’une visite d’Etat. On entend par « visite d’Etat, un voyage officiel d’un Chef d’Etat souverain dans un pays souverain suite à l’invitation officielle du Chef d’Etat d’un pays souverain. C’est le plus haut niveau protocolaire d’un voyage officiel qu’effectue un Chef d’Etat à l’extérieur. Selon le protocole français en matière de visite ou voyage du Chef d’Etat, il existe trois sortes de voyage : le voyage officiel (d’Etat éventuellement), le voyage de travail et le voyage privé. Le général de Gaulle effectua un voyage officiel à Madagasikara en 1958. Il ne s’agissait pas d’une visite d’Etat du fait…

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