Effondrées. Les familles des agents de l’Autorité pour la protection contre les inondations de la plaine d’Antananarivo (APIPA), décédés en pleine intervention dans la soirée de vendredi dernier, sont encore sous le choc au moment où nous leur avons rendu visite. Jemima, Tojo et Laza, tous les trois âgés de 24 ans, habitaient dans les quartiers d’Ambodimita. Ils sont amis depuis l’enfance, selon les témoignages. « La mort de nos fils reste un mystère », s’expriment les pères de deux d’entre eux, tous des employés de l’APIPA. « J’ai effectué le métier de mon fils pendant des années, en faisant le tour des regards comme à Bekiraro, Ambodin’Isotry, Aigle Noir, etc., mais il n’y avait jamais eu d’incident, surtout un accident mortel de ce genre, ce qui nous pousse à penser qu’il y avait quelque chose d’anormal. Comme eux, nous ne portions pas de masque d’oxygène ni d’autres équipements pour la respiration, mais juste des bottes et gilets », nous confie Jean Franklin Rakotonirina, le père du défunt Tojo.
« Outre le sang qui sortait de sa bouche et de son nez, des traces de vomis ont été constatés sur ses vêtements », se souvient-il. « Le regard n’est pas si profond pour qu’ils soient asphyxiés en un rien de temps. Ils auraient pu s’y sortir rapidement, mais ce n’était pas le cas. Le drame s’est passé en quelques fractions de secondes, selon le chauffeur et l’autre superviseur, les seuls survivants de l’équipe », rapporte Félix Rakotondrasoa, le père du défunt Jemima.
Projet de mariage
Jemima allait se marier dans un mois, mais le destin en a décidé autrement. « Nous étions en train de compléter les dossiers pour son mariage civil, prévu au mois de juin. “Sa fiancée est anéantie, au point que la famille lui interdit de venir ici », avance son père, ému. Le quatrième ami des 3 décédés a pu éviter le drame, grâce à une journée de permission. « Ils auraient dû travailler tous les quatre, en tant que coéquipiers, mais le 4ème a bénéficié d’un « day off » pour préparer son mariage, le lendemain (ndlr samedi dernier), d’après les pères des défunts.
Pour sa part, l’APIPA et le ministère de tutelle ont assuré la prise en charge des défunts et le soutien à leurs familles. Le transport des corps depuis la morgue jusqu’à chez eux à Ambodimita, l’autopsie et les divers frais, les enveloppes de condoléances ainsi que l’octroi de vivres en font partie. Ils s’assureront également des corbillards et des autres véhicules à mobiliser pour les enterrements, ce jour du côté d’Ambohidavenona et d’Ambatofotsy, dans l’Atsimondrano. Notons que l’enterrement du chef du service de la maintenance et de l’exploitation, la 4ème victime décédé, a eu lieu lundi dernier à Anjozorobe.
Pour rappel, l’on attend encore le rapport final de l’Institut national des sciences et techniques nucléaires (INSTN) pour éclaircir cet accident de travail mortel, même si les analyses réalisées par ledit institut ont déjà avancé la présence de gaz toxiques et nocifs détectés sur les lieux du drame. Des prélèvements ont été effectués au niveau des regards afin d’évaluer le taux de toxicité présente sur les sites concernés...
Patricia R. / Hervé Leziany