Une heure par jour. Tel est le droit d’allaitement accordée aux mères salariées jusqu’au 15ème mois de leurs enfants. Pourtant, bon nombre de ces travailleuses peinent à allaiter correctement leurs nourrissons, notamment en lieu de travail. Ceci d’autant plus que la plupart des entreprises ne disposent pas de « coin allaitement », alors que le Décret n° 62-162 sorti en 1962 souligne qu’une société employant plus de 25 femmes salariées devrait avoir cet espace où ces mères peuvent allaiter leurs bébés.
Outre ce manque d’aménagements adaptés en milieu professionnel, les embouteillages figurent parmi les contraintes auxquelles les mères actives, notamment celles dans le secteur privé, font face quotidiennement. P.M., cadre dans une agence de communication, en témoigne. « J’ai fait le choix de l’allaitement mixte. En fait, je ne peux pas rentrer à la maison dans la journée, avec les embouteillages et la distance puisque je travaille à Ambanidia alors que je vis à Amboatavo- Itaosy. Bien que je rentre une heure plus tôt que les autres salariés, j’arrive toujours vers 18 ou 19 heures chez moi. Du coup, j’allaite ma fille le matin avant d’aller au bureau, puis en fin d’après-midi et le soir », nous confie cette jeune mère de famille. Certaines salariées tentent toutefois de s’adapter, avec l’accord de leurs employeurs. « Notre directeur a accepté que je travaille le matin au bureau, puis en télétravail l’après-midi. Cela me permet de m’occuper de mon enfant et de continuer à allaiter », témoigne F.N., fonctionnaire au sein d’un ministère. Dans tous les cas, l’allaitement exclusif reste un luxe que ces deux mères actives n’ont pas pu se permettre.
Des bonnes pratiques à adopter
« Allaiter son enfant est un droit fondamental. Les lieux de travail jouent un rôle clé dans le bon développement de l’enfant. Pourtant, beaucoup de parents ne sont pas en capacité d’assurer cette présence », avance Christine Jaulmes, représentante du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF Madagascar). Par conséquent, des efforts ont été déployés avec le Groupement des entreprises de Madagascar (GEM). « Nous encourageons les entreprises à adopter les bonnes pratiques, entre autres la mise en place d’un coin d’allaitement, des horaires flexibles à accordées aux mères allaitantes, avec une possibilité de télétravail, ou encore les congés parentaux », ajoute la responsable. C’était lors d’une rencontre de sensibilisations avec les entreprises, jeudi dernier à Antaninarenina.
De son côté, le GEM rappelle qu’un atelier de lancement du guide pour des lieux de travail favorable à la famille a eu lieu au mois d’août dernier, avant de passer à sa dissémination à travers des sensibilisations. « La mise en action est en cours. Si la majorité des entreprises dans le secteur privé formel, du moins celles membres du GEM, respectent la loi, les défis persistent. Quoi qu’il en soit, trouver un équilibre entre vie professionnelle et vie familiale est une priorité », indique Hary Andriantefihasina, vice-président du Syndicat des entrepreneurs du BTP (SEBTP) », dudit groupement. Pour beaucoup de mères, l’allaitement au travail demeure encore un privilège, plutôt qu’un droit pleinement accessible. La question qui se pose est actuellement « comment permettre à davantage d’enfants de grandir dans un environnement sain, sans que leurs mères aient à choisir entre travail et allaitement ? ».
P.R.








