Publié dans Dossier

Rakotoarivelo Samuel - « J'ai passé 40 ans au bagne de Nosy Lava »

Publié le dimanche, 25 octobre 2020

Jugé devant le Tribunal, situé à l'époque à Ambodiroatra pour le meurtre d'un de ses proches amis en 1980, Rakotoarivony Samuel, aujourd'hui âgé de 62 ans, a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité aussi appelée plus communément prison à vie. Pour écoper cette peine capitale, ce prisonnier a été expédié d'Antanimora vers Nosy Lava où il a passé ses 40 dernières années.

Ils ont été au nombre de 30 criminels, impliqués dans différentes affaires, à être envoyés dans cette illustre petite île située au nord-ouest de Madagascar, désacralisée par l'administration coloniale en une maison de force ayant accueilli des hors-la-loi, des meurtriers et malfaiteurs. Dans ce convoi se trouvait Rakotoarivony Samuel et 3 autres compromis dans l'affaire de meurtre pour lequel il est incriminé.

« Moi, je suis rentré à la maison, à Ampitatafika,samedi dernier mais je ne dispose pas assez d'informations concernant mes autres compagnons de cellule. Nous avons tous bénéficié d'une grâce présidentielle prononcée le 9 janvier 2020 et avons été immédiatement relâchés. Avec le confinement, nous nous sommes perdus de vue. Mais aux dernières nouvelles, ils s'y trouvent encore », témoigne cet ancien détenu lors d'une rencontre avec le journal La Vérité hier à son domicile à Ampitatafika. 

Etre envoyé à la prison de Nosy Lava a été longtemps considéré commeun vrai cauchemar de tous les détenus. C'est aussi le cas pour notre rescapé depuis son emprisonnement le 8 septembre 1980. « Pénible », c'est avec ce mot que Samuel R. a résumé ses 40 ansd'incarcération dans la prisonde Nosy Lava. « A deux pas de l'île de Nosy Lava, le calvaire a déjà commencé lorsqueles gardes nous ont éjectésde la vedette en profitant de la marée haute pour nous faire couler. Les prisonniers qui ont maitrisé la nage sont ainsi sortis sains et saufs. On était tous trempés de la tête aux pieds mais les gardes pénitentiaires nous ont offertquand même à l'arrivée un uniforme de prisonniers, un ensemble blanc fabriqué à partir d'un tissu nylon. Votre seigneur n'existe plus ici, nous sommes désormais vos seigneurs s'acclament les gardes pénitentiaires. Par la suite, j'ai été placé en cellule d'attente appelée « Dangereux » avant d'être mis dans une cellule ordinaire. Comme son nom l'indique, c'est une pièce aventureuse où tout y est pêle-mêle. Une fois à l'intérieur, sortir devient impossible même pour faire ses besoins », raconte-t-il.

A cette torture s'ajoute le manque d'alimentation. Tous les jours, vers 16 heures, les prisonniers n'ont droit qu'à une noix de coco à partager en deux. « Nous comptons 2 à 3 prisonniers morts par jour à défaut de nourriture. Ainsi, les détenus remuent ciel et terre pour se ravitailler. Quelques-uns ont profité de leur sortie pour s'emparer d'une partie de manioc encore sous terre sans laisser detrace ; d'autres ont ouvert secrètement les sacs remplis de manioc pour en prendre une ou deux pièces. La règle a été simple, une fois fouillé avec des objets suspects, c'est l'envoi direct à la cellule « Dangereux ». Malheureusement, nombreux se sont fait prendre donc vous imaginez leur mauvais sort face à la colère des gardes », se désole-t-il. 

Samuel a, durant son emprisonnement, noué des liens forts avec ses compagnons de prison et aussi les gardes. Et comme, il a été désigné à plusieurs reprises gardien de bétails des procureurs avec d'autres prisonniers, il avait eu le temps de converser avec ses pairs. Parfois aussi, il recevait les visites des touristes étrangers entre autres Roland Vilella, l'auteur du livre « la sentinelle de fer » (mémoire du bagne de Nosy Lava Madagascar). D'autres citoyens malagasy s'y sont aussi rendus notamment pour monter leur dossier de reportage. Des visiteurs qui sont devenus ses lueurs d'espoir. 

Particulièrement pour Samuel, il s'est également investi dans la pêche. L'île de Nosy Lava avec ses espèces maritimes lui ont porté secours financièrement. 

«  J'ai pu gagner quelques pièces d'argent avec les produits que j'ai pêchés. Des petites sommes qui m'ont servi à garder ma ligne et surtout à satisfaire ma soif. Et oui, mon autre passe-temps a été de trinquer avec mes amis », ricane-t-il.

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Editorial

  • La faucheuse
    Fossoyeuse ou faucheuse, qu’à cela ne tienne, elle abat allègrement ! La Compagnie nationale d’eau et d’électricité, Jiro sy Rano Malagasy (JIRAMA), tue et abat sans autre forme de procès. En fait, pour le compte du premier quart de siècle de l’An 2000, la JIRAMA fauche tout ce qui bouge sur son passage. Créée dans la foulée et la folie de l’arrivée au pouvoir en 1975 du jeune capitaine de Frégate Didier Ratsiraka, par les avalanches de nationalisations, la JIRAMA voit le jour le 17 octobre 1975. Elle résulte de la fusion de la Société Malagasy des Eaux et Electricité (SMEE) et la Société des Energies de Madagasikara (SEM). Son rôle se concentre sur la distribution des services essentiels dont l’eau et l’électricité à travers le pays. La vague d’étatisations depuis 1975 se manifeste par des initiales « ma » (malagasy) à toutes les nouvelles marques des entités commerciales et…

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