« En partant des données actuelles sur le climat et l’environnement, nous élaborons des scénarios climatiques pour les années à venir en définissant leurs impacts sur le plan social et économique. D'après nos calculs, l'augmentation des températures pourrait donc atteindre les 3° C dans les prochaines années car les mesures prises actuellement par les autorités sont loin de suffire pour lutter efficacement contre le réchauffement climatique. De plus, nous commençons déjà à ressentir cette hausse des températures. Le mois d’octobre dernier a par exemple été le mois le plus chaud jamais enregistré dans la Grande île », explique Nirivololona Raholijao, directeur général de la Météorologie.
Cette augmentation des températures ne présage rien de bon pour tous les secteurs d’activité, en particulier pour l’agriculture et la préservation de la faune et de la flore endémique de la Grande île. Selon les rapports émanant des scientifiques du pays et datant de 2018, « même si nous limitons l’augmentation de la température de la Terre à 2° C, objectif des pays signataires de l’Accord de Paris, la situation climatique restera insoutenable pour le quart des espèces de Madagascar ». Effectivement, cette situation est toujours d’actualité. Avec une hausse de température qui table à 3° C donc, cette extinction du quart des espèces, faune et flore confondues, risque d’être effective à court terme. Cette disparition sera pratiquement définitive, sachant que près de 80 % des espèces animales et végétales de Madagascar sont endémiques.
Changement de politique
Face à cette situation, le ministère de tutelle entend notamment changer la politique environnementale actuelle pour avoir plus d’impacts. Il a déjà augmenté l’objectif de reboisement pour la prochaine campagne à une superficie de 75 000 ha par an. « Nous allons également renforcer la " diplomatie verte" pour que les pays pollueurs soutiennent ceux les plus vulnérables au changement climatique comme Madagascar. Ces derniers financeront ainsi l’adaptation des pays au réchauffement climatique, entre autres avec la construction de nouvelles villes ou encore pour faire face à l’érosion côtière », soutient Vahinala Baomiavotse Raharinirina, ministre de l’Environnement et du Développement durable. Les actions doivent être renforcées dans le recyclage des déchets, la lutte contre les feux, la préservation des zones forestières mais surtout la transition énergétique et la création d’activités génératrices de revenus pour les communautés environnantes des aires protégées.
Rova Randria