A l’heure actuelle, les parcs nationaux du pays, mais principalement Ankarafantsika et Menabe Antimena, sont toujours menacés par les exploitations illicites de maïs et les feux de brousse intensifs. L’enquête sur l’origine de ces crimes environnementaux a conclu que de grandes industries, présentes dans le pays, paieraient les migrants climatiques, des personnes impactées par la sécheresse dans le Sud et obligées de trouver une source de revenus ailleurs, pour produire du maïs, leur principale matière première. Jusqu’à maintenant, les autorités n’ont pas encore identifié ces entreprises. Seuls les exploitants pris en flagrant délit de défrichage ont été arrêtés. Toutefois, des noms d’entreprise ont déjà été pointés du doigt comme étant les responsables. La STAR figure parmi elles. A travers cette interview, les responsables au niveau de l’entreprise expliquent ainsi comment elle gère cette situation. Des contrats ont notamment été résiliés par manque de traçabilité, sauf qu’ils n’ont pas fourni plus de détails sur le sujet.
La Vérité (+) : Est-ce-que la STAR s'approvisionne en maïs dans la Région du Sud de Madagascar ? Si oui, dans quelle Région précisément ?
La STAR (-) : « Dans le cadre de son implication permanente dans le tissu social et économique national, la STAR se fait un devoir de favoriser les circuits courts d’approvisionnement. C’est dans cette logique que 100% de nos besoins en maïs sont issus de l’agriculture malagasy. Afin de rappeler les enjeux, il est important de savoir que nos besoins annuels s’élèvent à 12 000 tonnes soit 2% de la production nationale. Dans les détails, la répartition géographique de nos approvisionnements en maïs s’établit comme suit : la Région de Vakinankaratra à 40%, celle d’Atsimo- Andrefana à 35%, 10% à Miandrivazo et 5% à Sofia.
(+): Comment la STAR peut-elle assurer que le maïs qu'elle utilise ne provient pas des réserves naturelles comme Menabe Antimena ou Kirindy?
(-): En tant qu’entreprise citoyenne et responsable, la STAR est astreinte à une charte éthique stricte. Charte qu’elle se doit d’imposer à tous ses partenaires, fournisseurs comme clients. En ce qui concerne les fournisseurs de maïs, la STAR a développé un partenariat fort. Ceci se traduit par un cahier des charges incluant un important et incontournable volet environnemental. Ce dernier inclue une obligation de traçabilité. En aucun cas, le maïs transformé pour la production de bière ne doit provenir des zones protégées. Notre agent sur le terrain y veille au quotidien.
(+): Est-ce-que la STAR a déjà suspendu des contrats avec des fournisseurs parce qu'ils n'arrivaient pas à fournir des preuves sur la traçabilité de leurs produits ?
(-): Oui, bien entendu. Nos contrôleurs remontent tous les manquements éventuels aux obligations contractuelles qui sont immédiatement sanctionnés par une suspension ou une résiliation de contrat. Cela peut aller du non-respect du poids des sacs, du défaut de qualité, à une perte, même infime, de traçabilité. Une fois suspendu, même après avoir corrigé les erreurs, le fournisseur ne peut plus renouveler son contrat pour l’année en cours.
(+): Que répondez-vous aux rumeurs qui circulent comme quoi c'est la STAR qui est derrière les exploitations illicites de maïs dans les réserves naturelles ?
(-): Il nous a semblé important, au début de cette interview de rappeler quel était le poids de la consommation de maïs de la STAR par rapport à la production nationale annuelle. Moins de 2% !De ce fait, nous ne pouvons que déplorer le fait que nous servions de bouc émissaire pour expliquer une situation qui nous semble bien plus complexe que ce que l’on veut bien nous le faire croire. La STAR a toujours été et continue à être transparente sur ses activités et sur l’origine de ses produits. La position de la STAR quant à la protection de l’environnement a toujours été claire, officielle et parfaitement définie à travers ses nombreuses actions sur le sujet. Qui plus est, nous sommes en contact avec des institutions internationales et nationales pour accentuer la protection de ces zones et dupliquer la procédure de traçabilité mise en place par la STAR. Après, il faut s’interroger sur la destination des plus de 98% du reste de la production nationale. Le problème se trouve très certainement là, à vous d’enquêter !
Propos recueillis par Rova Randria