Des petites aux grandes industries extractives, en passant par les exploitations individuelles, toutes ont répondu présent à l’appel de la fédération des opérateurs miniers, hier, pour s’exprimer à l’unisson par rapport à la situation de blocage qui persiste dans ce secteur actuellement. Une manière de mettre en lumière l’ensemble des facteurs de blocage de ce secteur, et ce, à tous les niveaux. Pour le cas des permis miniers, plus de 2.000 sont en cours de validation tandis que 5.000 demandes restent en suspens depuis la décision ministérielle y afférente. Autant dire que malgré le processus de normalisation de cette activité qui s’annonce difficile sur tout le territoire national, l’intérêt des exploitants reste inchangé. « La situation actuelle est propice à la corruption car le gel de l’octroi de permis miniers pourrait inciter des exploitants à négocier à travers des paiements de facilitation ou même des pots-de-vin pour ceux qui œuvrent dans l’informel.
Et pendant ce temps, les opérateurs dans le secteur formel n’ont plus qu’à s’armer de patience. Pour illustration, il y a de nombreux permis miniers qui sont en attente de validation depuis plus de dix ans. Imaginez le coûts d’investissement causé par de tels délais », explique Ralambomanana Hajanirina Yvon, président de la fédération des opérateurs miniers de Madagascar. A travers les propos de leur président, les membres de la fédération demandent tout juste à ce que l’administration applique les lois et textes en vigueur, notamment d’octroyer les laissez-passer à tous les opérateurs ayant réglé leurs frais d’administration, ou encore de renouveler les permis d’exploitation car ce processus de renouvellement est dans le plein droit des opérateurs en bonne et due forme.
D’un autre côté, ces opérateurs miniers fustigent aussi le processus d’élaboration du nouveau Code minier en affirmant leurs désarrois. « Pour le moment, la majorité des membres de la fédération jugent inopportun de procéder à ces réformes compte tenu de la situation », rajoute le président de la fédération. A travers ces quelques mots, ce responsable confirme le sentiment de frustration et de mécontentement généralisé qui germe progressivement à tous les niveaux de la chaîne de valeur minière. Dans un pays où le secteur minier représente 30 % des recettes d’exportation, soit 600 millions de dollars, et 40 % des investissements directs étrangers selon les chiffres de l’organisme Economic Development Board of Madagascar, le remplacement du Code en vigueur depuis 2005 devient ainsi un sujet des plus épineux. Ainsi, parmi les solutions suggérées par les exploitants, on peut citer la réouverture des demandes d’exploitation, la mise en place d’un observatoire des mines, la normalisation des redevances qui diffèrent à tous les niveaux, ainsi que le renforcement de la lutte anti-corruption sur toute la chaîne de valeur.
Hary Rakoto