Depuis quelques jours, Antananarivo est rythmée par une scène devenue quasi ordinaire mais toujours aussi frustrante : des files de véhicules qui s’allongent devant les stations-service, à la recherche d’un carburant qui semble se faire rare. A Ankorondrano, même les camions citernes s’alignent patiemment sur le parking de la Logistique pétrolière, dans l’espoir d’être approvisionnés. Cette image résume à elle seule le paradoxe du moment : d’un côté, les autorités affirment que les stocks sont suffisants, de l’autre, les automobilistes n’en voient pas la couleur. Plusieurs pompistes se contentent de murmurer que « le ravitaillement ne va pas tarder, peut- être demain matin ». Quant aux gérants de station, ils préfèrent garder le silence. « Ce n’est pas nous qui gérons ça », lâche brièvement l’un d’eux, avant de retourner à ses affaires. Les causes de cette pénurie non déclarée restent floues, mais certains évoquent des problèmes logistiques persistants et une distribution en dents de scie. Une situation qui n’est pas sans rappeler les tensions du passé, et qui pousse une nouvelle fois la population à s’interroger sur la transparence réelle du secteur pétrolier dans le pays.
Baisse
Et pourtant, dans ce flou général, une information inattendue est venue adoucir un peu la colère de certains usagers : depuis le 30 juin à minuit, les prix des carburants à la pompe ont été officiellement revus à la baisse. 200 ariary en moins sur le litre de gasoil, désormais à 4 900 Ar, et autant sur l’essence SP qui s’affiche maintenant à 5 320 Ar. Même le pétrole lampant n’échappe pas à la tendance, avec un recul de 50 Ar, à 3 380 Ar le litre. Ce réajustement s’inscrit, d’après les responsables, dans une volonté de refléter les baisses observées sur le marché international. Une bonne nouvelle ? « Sur le papier oui. Mais encore faut-il trouver une station qui en vend... », ironise Jean-Yves, conducteur de taxi-be de la ligne 133. Rina, travaillant dans la communication, elle, garde espoir : « Au moins les prix baissent, c’est déjà ça. On ne va pas cracher dessus, même si c’est compliqué en ce moment ». Entre la communication rassurante des autorités et la réalité d’un carburant qui se raréfie, les consommateurs malagasy voient leur patience s’user.