Inquiétant. La dernière enquête de la Banque centrale de Madagascar, publiée le 19 du mois dernier, met en évidence un contraste saisissant entre grandes entreprises et petites structures. Alors que les premières anticipent une progression de leurs bénéfices de 41,3 %, les petites et microentreprises restent fragiles et peinent à profiter de la reprise amorcée en 2024. Les secteurs porteurs comme le textile, les mines ou encore les services, soutenus par des investissements conséquents et des marchés ouverts à l’international, expliquent en partie cette dynamique. Les grandes sociétés disposent de moyens pour investir dans de nouvelles technologies, sécuriser leur approvisionnement et pallier les délestages grâce à des solutions énergétiques alternatives. Selon l’indicateur synthétique des activités des entreprises (IAE), elles affichent une performance en hausse de 28,7 % au deuxième trimestre 2024. Une réalité qui contraste avec la situation des petites structures, confrontées à une activité quasi stable, au coût élevé des matières premières et à la concurrence croissante des importations. Un responsable d’une société industrielle confie sous couvert d’anonymat : « Nous avons anticipé les difficultés énergétiques en investissant dans le solaire et l’automatisation. Cela nous a permis de maintenir la production et d’assurer nos engagements».
L’écart se creuse
A l’opposé, les petites entreprises restent fortement exposées aux contraintes structurelles. Beaucoup n’ont ni les moyens financiers ni les infrastructures pour résister aux délestages et aux fluctuations de prix. Une gérante d’atelier de confection à Antananarivo explique : « Quand l’électricité est coupée, nos machines s’arrêtent et nos employés restent inactifs. Certains jours, nous perdons jusqu’à 60 % de notre chiffre d’affaires ». Ces réalités traduisent la difficulté des microentreprises, qui jouent pourtant un rôle essentiel dans l’économie locale en termes d’emplois et de services de proximité. Le manque d’accès au financement bancaire, la faible productivité et l’absence de solutions alternatives face aux crises conjoncturelles aggravent encore leur vulnérabilité. De nombreux entrepreneurs interrogés expriment des inquiétudes similaires, estimant que la reprise profite davantage aux sociétés les plus structurées et laissant craindre une économie à deux vitesses. Ces inégalités économiques soulèvent des enjeux de fond pour l’avenir du tissu productif national : sans un meilleur accompagnement des petites structures, le fossé risque de se creuser davantage entre des grandes entreprises solides et une multitude de petites entités fragiles.