Publié dans Economie

Relance post-pillage - L’Etat mobilise un arsenal d’aides pour les entreprises sinistrées

Publié le mardi, 30 septembre 2025

Alors que de nombreuses entreprises tentent de se relever après les récents actes de vandalisme et de pillage, l’Etat malgache déploie un plan de soutien financier inédit. Lors d’une intervention télévisée ce lundi, le Président Andry Rajoelina a dévoilé une série de mesures économiques et fiscales destinées à accompagner les opérateurs économiques touchés par ces événements. Le message est clair : pas question de laisser ces acteurs économiques livrés à eux-mêmes. Le Gouvernement entend jouer un rôle central dans la reconstruction, en facilitant un redémarrage rapide des activités. Des crédits à taux zéro seront ainsi mis à disposition, négociés en partenariat avec les établissements bancaires, l’Etat prenant à sa charge l’intégralité des intérêts. Cette décision vise à réduire la pression financière sur les entreprises qui, en plus d’avoir perdu leur stock et leurs infrastructures, doivent désormais faire face à l’urgence de redémarrer dans un contexte difficile.

 

Structure vulnérable

Mais le soutien de l’Etat ne se limite pas à des prêts. Un volet d’aides directes est également prévu, ciblant particulièrement les petites structures les plus vulnérables. Ces subventions visent à fournir un premier souffle financier pour permettre une reprise immédiate des activités, même à petite échelle. La relance économique étant conditionnée à la survie du tissu entrepreneurial local, ces aides s'inscrivent dans une logique de solidarité économique nationale. Le Chef de l’Etat a insisté sur la nécessité d’une approche inclusive, appelant les opérateurs économiques sinistrés à faire entendre leurs besoins spécifiques. Lors d’une rencontre tenue dimanche, ces derniers ont été invités à exprimer leurs priorités et à suggérer des modalités d’accompagnement adaptées à leurs réalités de terrain. Le Gouvernement veut ainsi s’appuyer sur une écoute active des acteurs pour co-construire des réponses efficaces et concrètes.

Avantages fiscaux

Par ailleurs, la relance économique ne pourra s’opérer sans une réforme temporaire de la fiscalité applicable aux entreprises sinistrées. Dans ce sens, le Président Rajoelina a annoncé l’annulation de certains impôts pour les sociétés victimes de pillage. Il est également prévu d’étudier des mesures plus durables d’allègement fiscal, qui permettront aux structures concernées de respirer financièrement dans les mois à venir. La reprise ne pouvant s’effectuer dans un contexte d’asphyxie fiscale, l’Etat entend adapter son cadre légal pour offrir un environnement plus propice à la relance. « Nous devons faire front commun et reconstruire ensemble », a déclaré le Président, conscient que derrière chaque entreprise sinistrée se trouvent des familles sans revenus, des emplois perdus, et une économie locale fragilisée. Ce programme d’accompagnement vise donc autant à redonner espoir aux opérateurs économiques qu’à réactiver les circuits d’emploi et de consommation. Reste à espérer que la mise en œuvre suive rapidement ces annonces, pour éviter que la crise ne s’enracine davantage.

Des milliers d’emplois bouleversés

Plus de 3 000 personnes vivent directement grâce au groupe Habibo. Plus de 50 000 distributeurs et leurs familles dépendent également du groupe. Les récents pillages dans plusieurs centres commerciaux ont frappé de plein fouet ces entreprises et les familles qui en dépendent. Les destructions ne concernent pas seulement les bâtiments, elles touchent aussi des vies, des rêves et des espoirs. Un responsable de Habibo explique : « La destruction affecte profondément les individus. Nous avons été durement frappés, mais nous devons nous relever pour le bien des familles qui travaillent avec nous ». Pour Bertrand Gardès, CEO Retail International chez Ulis – les magasins U de Madagascar rattachés au Habibo Group Océan Indien – l’impact humain est le plus difficile. « Voir son outil de travail détruit est dur. Mais soutenir un collaborateur en larmes l’est encore plus. Manifester peut se comprendre, piller ne l’est pas. Les magasins appartiennent aux clients, mais ils représentent aussi le travail des salariés », précise-t-il. Dans la nuit du 25 septembre 2025, le centre commercial La City Ivandry et plusieurs établissements du groupe Inviso ont aussi été pillés. « Des années de travail et des emplois ont été fragilisés. Beaucoup de familles et d’entrepreneurs sont à terre. Mais nous 

refusons de céder au désespoir », indique un responsable. Shahim Ismael, CEO de Inviso Group, précise que 200 salariés ont été touchés. « Certains ont vu leurs entreprises complètement dévalisées et ne peuvent plus travailler. D’autres n’ont plus de matériel pour continuer leur activité. Notre priorité est de redémarrer nos activités. Des arrêts de travail sont inévitables, mais nous faisons tout pour que nos collaborateurs puissent travailler à nouveau en sécurité », explique-t-il. 

Télétravail

D’autres entreprises ont également été touchées. Parmi elles, on compte Super U Tana Waterfront à Ambodivona, La Gastronomie et Pizza Pietra Hôtel à Analakely, Aigle d’Or aux 67ha, Cosmos à Andranomena- Ambohibao, Sanifer et Kibo, Eureka à Androndra -Ankadimbahoaka, ABC à Ivandry, ainsi que toutes les succursales de Super Maki à Besarety, Ambohimanarina, Ambohitrarahaba, Talatamaty et Ivato. Sont également concernées China Mall, Xinda, Ostie Ambohimanarina, Pro Moto à Tanjombato, Mada Hôtel 67ha, Shop Liantsoa à Manjakaray, Viva à Ambodivona, Motostore et Remax Tana Waterfront. Ces entreprises, comme Habibo et Inviso, voient leurs activités et l’emploi de nombreux salariés gravement affectés. Par ailleurs, plusieurs entreprises ont envoyé leurs employés travailler à domicile, notamment celles installées à Dyve Garden, dont le bâtiment a été entièrement saccagé et dont les activités ont été transférées à la maison. 

« Toutes les entreprises autour de nous ont été victimes de pillages, comme Sanifer, Kibo et Aquamad. Le centre est fermé pour une période déterminée. Tout le matériel pouvant être utilisé à domicile a été emporté », explique un employé. Cependant, certains salariés ne peuvent pas travailler. Les femmes de ménage voient leur activité suspendue. 

« Comme le centre est fermé, notre travail quotidien s’arrête aussi », raconte Wendy, femme de ménage. Les vendeurs de nourriture et de goûters rencontrent eux aussi de grandes difficultés. « Nous avons des clients quotidiens pour livrer des plats composés, des soupes, des nems, des sambos ou du riz. Nous avons dû suspendre notre activité parce que nous ne pouvons pas travailler sans les employés », confie l’un d’eux.

 

Hary Rakoto / Carinah Mamilalaina

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Editorial

  • Une étape franchie ?
    Le Chef de l’Etat Rajoelina Andry Nirina dissout le Gouvernement. Pour certains, peu enclins à consentir le bon côté du geste du numéro un du pays, ils relativisent la décision. Pour d’autres qui concèdent à reconnaitre l’aspect positif de la chose y voient un effort devant aboutir à une étape décisive pour améliorer la gestion des affaires nationales. Deux angles de vue apparemment inconciliables et diamétralement opposés, mais avec un minimum de prise de conscience en lien aux intérêts inaliénables de la Nation, on pourrait joindre les deux bouts.

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