En pratique, cela signifie que des produits autrefois exonérés subissent désormais des taxes qui varient selon la nature des articles. Pour les textiles, secteur clé de l’économie malagasy, les hausses sont particulièrement lourdes : un tissu en polyester tissé, par exemple, supporte près de 29,9 % de droits cumulés, contre moins de 15 % auparavant. Les robes en coton et les tissus 100 % coton subissent également des augmentations comparables, fragilisant fortement la compétitivité des entreprises locales. Selon un exportateur de la zone franche textile, « cette hausse est brutale et remet en cause des contrats en cours, car nos prix deviennent moins attractifs face à d’autres pays producteurs ». En attendant, des discussions sont en cours aux Etats-Unis pour un éventuel renouvellement de l’AGOA, qui pourrait s’appliquer de manière rétroactive, mais aucun calendrier précis n’a été fixé.
Situation délicate
L’impact économique de cette expiration se fait déjà sentir dans les perspectives des industriels malagasy. D’après la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), le taux moyen des droits de douane appliqués aux produits malagasy pourrait grimper jusqu’à 23 %, soit le double de celui pratiqué sous le régime AGOA. Cette nouvelle donne ne touche pas uniquement Madagascar : le Kenya, par exemple, verrait ses tarifs presque tripler. Toutefois, pour un pays dont le textile représente une part considérable des recettes d’exportation, la situation malagasy apparaît encore plus délicate. Les analystes rappellent que la perte d’accès préférentiel au marché américain arrive dans un contexte de concurrence accrue sur les autres marchés mondiaux, notamment en Asie. Pour certains économistes, l’AGOA avait joué un rôle déterminant en facilitant l’intégration des pays africains dans les chaînes de valeur globales. « Sans ce dispositif, il faut s’attendre à une contraction des volumes exportés et à une pression sur l’emploi », avertit un consultant basé à Antananarivo. Face à ces incertitudes, la CNUCED encourage les Etats africains à accélérer la mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), une alternative qui pourrait renforcer les échanges intra-africains, même si sa concrétisation nécessitera plusieurs années.