Effectivement, la JIRAMA a atteint une cible hautement privilégiée et touché la prunelle de l'œil du pouvoir, de l'Etat. Le numéro Un du pays, le Chef de l'Etat en personne, en a subi ou, à forte raison, vécu un mauvais quart d'heure. Rajoelina Andry Nirina, le Président de la République, a pu « goûter », malgré lui, le calvaire et la galère du commun des mortels. Cela ne peut pas être autrement qu'un acte de lèse-majesté ! Quand les délestages atteignent le sommet de l'Etat, il y a réellement lieu de redouter le pire !
Accident ou voulu ? That is the question ! La piste « par accident » est difficile à admettre. Quand un membre de Gouvernement, encore plus un chef d'institution à plus forte raison le Chef de l'Etat, devait prendre la parole sinon intervenir par un discours officiel, les responsables techniques de la sono doivent impérativement s'assurer au préalable du bon déroulement de l'intervention pour une durée de trente à quarante minutes à tout casser. Très difficile d'admettre que les techniciens rompus à leur métier assurant la couverture de la cérémonie officielle en tandem avec ceux de la compagnie nationale JIRAMA n'ont pas réussi à gérer au mieux la courte intervention du Président de la République. La piste « sabotage » semble tenir.
D'ailleurs, ce ne sont pas les raisons qui manquent pour commettre des « bêtises » sinon d'actes irresponsables. La dernière en date, une bribe d'information circulait que les dirigeants du pays seraient en train de concocter l'éventuelle privatisation de la compagnie. Un bruit, vrai ou faux, mais de nature forte à affoler les agents d'Ambohijatovo.
A noter que l'option « privatisation » de la JIRAMA a été, plus d'une fois, abordée et mise sur table pour dénouer la crise. Le régime Ravalomanana jugeait, à l'époque, incontournable le retrait de l'Etat dans la gestion de cette société nationale. La réaction de l'intersyndicale ne s'était pas fait attendre. Elle rejette en bloc toute idée de privatisation. Et pour faire reculer l'Etat, certains agents ont bloqué le fonctionnement de la compagnie. La situation critique de la JIRAMA, que le ministre de l'Energie Ramaroson Andry reconnait au final, datait depuis le régime TIM de Ravalo (2002), époque où l'on avait vécu pour la première fois des séries noires de délestage. La descente aux enfers commençait bien avant. Ereintée par les « pompages » indécents et continus de la caisse pour régler les salaires des fonctionnaires depuis la Deuxième République, la JIRAMA finit par péricliter et rejoindre la déprime. En deux décennies, elle n'enchaine d'une année à l'autre que des pertes. Les services rendus se détériorent jusqu'au point où l'on fait vivre la galère les usagers au quotidien.
Du sabotage ou non, les abonnés ont ras-le-bol !
Ndrianaivo