Un calme quasi-généralisé a été observé à Madagascar durant le week-end pascal, contrairement aux grandes effervescences habituelles à cette occasion. Il n’y a pas eu trop d’incidents majeurs. C’est un signe évident indiquant que le pays en pleine bataille contre le coronavirus a besoin de sérénité. L’apaisement est de mise dans la mesure où le contexte est potentiellement anxiogène. Un rien du tout est amplement suffisant pour en rajouter à l’énervement.
Le ministère de la Communication et de la Culture (MCC) a même lâché le mot « apaisement » avant les fêtes pascales. La lettre fournissant des éclaircissements sur l'affaire Arphine Helisoa signée par Nampoina Ranarivelo, directeur des Relations publiques, en date du 11 avril insiste sur ce point vers sa fin. En effet, les autorités se trouvent au cours des reproches virulents pullulant au pays comme sous d’autres cieux. Ils visent en particulier la patronne du MCC Lalatiana Rakotondrazafy.
La mise en détention préventive de la directrice de publication du journal trihebdomadaire Ny Valosoa a ouvert la vanne à un flot de controverses à n’en plus finir. En dépit des éclairages nécessaires entendus ici et là, beaucoup en ont fait tout un plat. Les entités nationales comme l’Ordre des journalistes de Madagascar, l’Union nationale des femmes journalistes, certaines des composantes de la société civile et les opposants ont haussé le ton. Ils réclament la mise en liberté provisoire de la prévenue. L’atmosphère est ainsi devenue de plus en plus lourde.
Essoufflement
De même, des organisations supranationales telles que Reporters Sans Frontières, Amnesty International et Union internationale de la presse francophone, fidèles à leurs démarches propre à elles, remettent en cause la décision prise par le pouvoir judiciaire du pays qui s’en tient l’indépendance de la justice. Avec des arguments qu’elles jugent valables, elles exigent aussi la libération d’Arphine Helisoa. Le cas prend une tournure internationale et les grands média ne se privent pas de droit de le rapporter pour leur audience.
La missive ministérielle se veut être la plus concise possible sur les tenants et aboutissants de l’affaire. Le ministère n’a rien à voir avec la poursuite de la concernée. La décision a émané des autorités judiciaires, par le biais du Parquet d’Antananarivo, qui se sont saisies d’office. La charge retenue contre elle concerne une publication sur une page Facebook incriminant le Président Andry Rajoelina « assassin ». Puisqu’Arphine Helisoa en est administratrice, son entière responsabilité vis-à-vis de l’infraction pénalement répréhensible est établie.
En cette quatrième semaine d’état d’urgence sanitaire et de confinement imposés pour contenir la propagation du Covid-19, l’essoufflement se fait sentir avec l’effondrement des structures socioéconomiques. Le souhait général est maintenant de voir le système redémarrer et tourner à plein régime pour le bien-être de tous. D’aucuns ont plus qu’assez de disputes stériles au stade actuel des perturbations dues au coronavirus. Quant à la mise en liberté provisoire de l’accusée, seule la Justice peut trancher librement sur la demande qui lui a été adressée.
M.R.