Publié dans Politique

Artemisia annua - L’histoire fantastique de la plante vedette

Publié le mardi, 21 avril 2020

Sur les réseaux sociaux, beaucoup s’amusent à la baptiser rongonimbazaha en raison de son apparence quasi similaire à celle du chanvre indien. Pourtant, la plante connue sous le nom scientifique d’artemisia annua n’a pas de nom vernaculaire officiel pour l’instant. En français, elle s’appelle armoise annuelle ou absinthe chinoise. En réalité, l’artémisia est une plante native de la Chine mais pour la première fois introduite à Madagascar dans les années 70.

Depuis que le Président Andry Rajoelina a lâché le mot dimanche soir, la plante peu familière pour bon nombre de Malagasy a suscité la curiosité de tous. Tout simplement parce qu’elle est à la base du remède contre le coronavirus. Placé sous le nom commercial de Covid Organics, celui- ci est produit par l’Institut malgache des recherches appliquées (IMRA) en partenariat avec le gouvernement.

L’éminent feu professeur Albert Rakoto Ratsimamanga, sa femme Suzanne, Pierre Boiteau et Raymond William Rabemananjara, entre autres, ont créé en 1957 cet organisme, reconnu d’utilité publique à partir de 1998 et de renom international, pour y effectuer des recherches biochimiques dans le but de soigner la population. Il a importé l’artémisia pour lutter contre le paludisme, appelé aussi la « maladie du marais ». Le fondateur est ainsi considéré comme le grand-père de l’artémisia à Madagascar.

Sous forme de tisane

Selon Wikipédia, l’ armoise annuelle est une espèce de plantes dicotylédones de la famille des Asteraceae, sous-famille des Asteroideae, originaire de l’Ancien Monde (Eurasie, Afrique du Nord), anciennement introduite et naturalisée dans les régions tempérées d’Amérique et depuis 1991 en Afrique sub-saharienne et en Amérique latine. Ce sont des plantes herbacées annuelles, glabres, utilisées en Chine depuis des millénaires pour lutter contre les fièvres.

L’armoise annuelle contient plusieurs substances actives dont l’artémisinine, efficaces pour lutter contre les parasites du genre Plasmodium, qui sont les agents du paludisme. L’artémisinine, une molécule extraite des feuilles de l’artémisia, est à juste titre le principe actif faisant de cette plante une des espèces à intérêt thérapeutique.

En médecine traditionnelle chinoise, la tisane d’armoise annuelle est utilisée traditionnellement pour traiter la fièvre. Quant aux usages courants, l’armoise annuelle est utilisée sous forme de tisane comme complément alimentaire et dans le traitement de nombreuses maladies, telles que des dermatites ou bien encore contre le paludisme.

Père de l’artémisia

L’attention portée sur l’artémisinine est telle que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a officiellement recommandé depuis 2005 de traiter le paludisme avec des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisinine, en anglais « artemisinin-based combinaison therapies ». D’après les estimations, le palu aurait touché plus de 198 millions de personnes à travers le monde en 2013 et aurait causé environ 584 000 décès.

L’intérêt grandissant autour de l’artémisinine a poussé certains investisseurs à monter des projets d’envergure en Afrique. Quatre entités se créent à travers le continent et dans l’océan Indien. La société Bionexx, ayant son siège social à Ambodivona Antananarivo, est parmi elles. Elle a lancé ses activités à Antsahamaroloha, Antsirabe, et dans l’Alaotra-Mangoro. Plus précisément, la Commune rurale de Morarano Gara, Moramanga, a abrité, dès 2005, les premières parcelles de plantation.

Les interventions d’un certain Jocelyn Raharinaivo, un ingénieur agronome, sont déterminantes pour la réussite de l’entreprise en lui fournissant une assistance technique, académique et scientifique. Se servant de son expérience à Andrabakely Alaotra, au nord d’Ambatondrazaka, celui-ci présentera la même année sa thèse en recherche appliquée sur l’artémisia à l’Ecole supérieure des sciences agronomiques d’Antananarivo. De ce fait, l’homme s’attribue le titre de père de l’artémisia telle qu’elle est connue à Madagascar aujourd’hui.

Termozia et bôneksa

Bionexx, le seul promoteur dans la filière sur l’île, exploite des sites épars d’une superficie totale de quelque 10 000 hectares répartis dans l’Itasy, le Vakinankaratra, l’Amoron’i Mania, la Matsiatra Ambony, l’Ihosy et l’Atsimo Andrefana divisés de fait en deux grandes zones : le Nord allant de l’Itasy à Fianarantsoa et le Sud, de l’Ihorombe à Toliara. Le rendement varie de 500 kg à 3 tonnes à l’hectare et un site profite à environ 3 000 paysans. L’artémisia est aussi une source de revenu non négligeable pour les ménages ruraux.

La principale usine de traitement est implantée à Fianarantsoa où l’artémisia est plus connu sous des noms localement fabriqués tels que termozia et bôneksa, la prononciation déformée du nom de la société. Plus au sud, à Ambalavao, l’appellation est complètement différente. La plante qui prend l’aspect d’un arbuste se nomme carrément hazo (arbre) sur les lèvres des paysans locaux. A Toliara et à Morombe, le nom populaire est termezia.

Mais tout est voué à vaciller en Afrique et dans l’océan Indien à cause de la mise au point d’une technique de bioingénierie consistant à concevoir en 2006 une souche de levure modifiée permettant de produire de l’acide artémisinique, un composé essentiel dans la chaîne de réactions chimiques aboutissant à la production de l’artémisinine. L’expertise menée par Jay Keasling, professeur à l’université de Berkeley (Californie, Etats-Unis), a bénéficié du soutien financier de la richissime fondation Bill & Melinda Gates à hauteur de 42 millions de dollars.

Une aubaine

Plus tard, la nouvelle levure sera brevetée par Amyris, la start-up cofondée par Jay Keasling. En 2008, une licence sera octroyée au géant de l’industrie pharmaceutique, Sanofi, pour industrialiser la fabrication biosynthétique d’acide artémisinique et sa transformation en artémisinine. Comme pour dissuader les petits acteurs, l’annuelle conférence internationale sur l’artémisinine sera pour la première fois organisée en terre africaine en 2011. L’honneur de la recevoir reviendra au Carlton Hôtel à Antananarivo.

Il y sera question de la trouvaille gérée par le géant pharmaceutique de l’Occident. Entre-temps, des mesures dissuasives au sujet de l’artémisinine seront prononcées. La suite en sera l’affaiblissement voire le déclin avéré des exploitants opérant en Afrique et dans l’océan Indien. Le prix du kilo à 300-400 dollars auparavant descendra à moins de 100 dollars. Des quatre sociétés présentes sur la ligne de départ, seule la Bionexx survivra.

Le Président Andry Rajoelina claironne que la Grande île est le seul pays à disposer des plus grandes quantités d’artémisia en Afrique voire dans le monde et c’est bien le cas de le dire. Toutes les productions de Bionexx sont maintenant 

« réquisitionnées » pour produire le remède Covid Organics qui protègerait les Malagasy et le monde contre le coronavirus. Il s’agit d’une aubaine pour la société qui espère pouvoir remonter la pente dorénavant.

Manou Razafy

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Editorial

  • La lutte continue !
    « Orange Day ». La journée internationale de sensibilisation de la lutte contre les violences basées sur le genre se tenait ce lundi 25 novembre. Une mobilisation générale sous la houlette de la Première dame, Mialy Rajoelina, visant la conscientisation sur les méfaits de cet anachronique délit, a eu lieu dans tout Madagasikara, au Kianjan’ny hira gasy, Ampefiloha pour Antananarivo. Etant entendu qu’il s’agit une Journée mondiale, des mouvements de sensibilisation parfois même de contestation contre les violences basées sur le genre ont été constatées à travers les grandes villes du monde. Paris, New-York, Londres et bien d’autres ont vu des manifestations logées à la même enseigne. Les femmes, de toutes les couleurs, de race, de religion, ont battu les pavés des grandes capitales pour dénoncer ce qu’il convient d’appeler les féminicides. Une nouvelle terminologie pour immoler sur l’autel de la justice humaine cette honteuse et désuète pratique.A Madagasikara, l’inusable…

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