Pire, ils enfoncent le clou. Ils militent pour la création d'une caisse de retraite pour eux. Ils exhibent en même temps leur désir d'obtenir des véhicules 4x4. Hier encore, ils n'en font qu'à leur tête en refusant d'adopter un texte dont la teneur les sanctionnera en cas de trois absences successives sans raisons valables.
Une telle disposition existe en effet dans la législation malagasy. Elle s'applique aux membres du conseil des Collectivités territoriales décentralisées (provinces, régions et communes). Elle fait l'objet de l'article 95 de la loi 2014-020 du 27 septembre 2014 relative aux ressources des CTD, aux modalités d'élections, ainsi qu'à l'organisation, au fonctionnement et aux attributions de leurs organes.
Non catégorique
Suivant cet article, « tout membre du conseil qui, sans motif légitime et valable reconnu par le conseil, n'a pas participé à trois sessions consécutives, peut après avoir été invité à fournir ses explications, être exclu du conseil pour le restant de son mandat.
Ces absences sont constatées par une mention sur le registre destiné à recevoir les procès-verbaux du conseil. Le président du conseil en informe le chef de l'Exécutif, et ce dernier transmet le rapport y afférent au représentant de l'Etat territorialement compétent, lequel saisit la juridiction administrative compétente. »
Cette loi était votée par les députés à l'Assemblée nationale. Pourtant, quand le moment est venu de leur faire appliquer une telle disposition, ils y opposent un non catégorique. Quelle honte pour le pays, parmi les plus pauvres au monde ! En réalité, les absentéismes sont toujours au rendez-vous au Parlement. La bourde de certains sénateurs n'a plus rien de catastrophique en l'état des actualités nationales.
Ecarts de conduite
Mais les absences à Tsimbazaza ou au centre de conférence international à Ivato ont ceci de foncièrement méprisable. Pour adopter l'ordre du jour, ils n'ont été qu'une quarantaine à avoir répondu présent dans la grande salle de réunion. Mais présence et intérêts nationaux ne font pas bon ménage. Les assidus ont essayé de faire passer les faveurs personnelles avant tout.
Les députés sont les élus les plus proches du peuple, selon leur présidente Christine Razanamahasoa. L'Assemblée nationale met en œuvre son plan stratégique destiné à rendre cette institution plus robuste, plus démocratique et encore plus proche du peuple. Mais les attitudes de ses membres s'éloigneraient de cet idéal.
Les organisations de la Société civile, pour leur part, ont, à maintes reprises, insisté pour l'adoption du code d'éthique et de déontologie des parlementaires. Cette idée a commencé à germer à la suite des scandales répétés sous la précédente législature quand des histoires de sexe, argent sonnant et trébuchant (mallette), écarts de conduite (sénateur diseur de gros mots en public devant le siège du BIANCO à Ambohibao…) ont éclaté au grand jour. Les parlementaires en exercice sont capables de faire encore plus à voir leur sournoiserie.
M.R.