Elle est à présent en 3e année de thèse en biologie. Tout de sa recherche s’effectue au sein de l’unité d’entomologie médicale à l’Institut Pasteur de Madagascar (IPM). Les études qui l’ont distinguée portent sur l’Anopheles coustani, une espèce de moustique récemment soupçonnée de transmettre le paludisme à grande échelle en Afrique subsaharienne.
Les recommandations qui découleront du résultat final de son entreprise scientifique contribueront à coup sûr à l’amélioration de la lutte contre le paludisme, la première endémie parasitaire mondiale. Ce problème majeur de santé publique à Madagascar figure aussi parmi les maladies infectieuses qui tuent encore de nos jours.
La formation initiale de Tsarasoa est la pharmacologie. Mais, au gré des expériences galvanisées par l’insatiable soif d’apprendre, sa connaissance de base l’a amenée à investir le terrain de l’entomologie médicale, devenue, de fait, son domaine d’expertise par excellence. Pour le futur, un des défis majeurs de la scientifique en devenir sera de marier l’entomologie médicale à la pharmacologie.
Depuis 1998, la Fondation L’Oréal récompense chaque année les femmes chercheures qui se distinguent par la pertinence et la qualité de leur entreprise scientifique. Cette année, Tsarasoa, avec une autre compatriote appelée Zara Randriamanakoto – une astrophysicienne basée en Afrique du Sud pour ses recherches postdoctorales, est parmi les lauréates.
Tsarasoa a révélé qu’elle a décidé de postuler pour le concours seulement à deux jours de la clôture de celui-ci. « Une amie appelée Adélaïde Miarinjara qui était aussi à l’IPM mais travaillant aujourd’hui à Montana, Etats-Unis, m’avait convaincue de postuler pour le concours. J’ai longtemps hésité », a-t-elle dit.
Le prix qu’elle a gagné est de 10 000 euros. Elle dit pourtant que ce montant est loin de couvrir les exigences de sa recherche qui lui requiert de coûteux déplacements dans les différentes régions de l’île. En réalité, sa recherche consiste à déterminer si l’espèce de moustique A. coustani, et éventuellement ses variantes génétiques, transmet réellement le paludisme à l’humain.
Les scientifiques ont développé des connaissances poussées sur cinq espèces de moustique considérées comme vecteurs primaires du palu. A l’inverse, l’A. coustani est classée par les moustiques dits vecteurs secondaires. Du coup, cette espèce n’attire pas beaucoup l’attention des chercheurs alors qu’il est prouvé qu’il pique aussi les humains tout comme il se nourrit du sang des quadrupèdes tels que bœufs, moutons, chèvres…
La population de cette espèce de moustique est abondante à Madagascar et en Afrique subsaharienne, parmi les zones paludéennes. Le moustique est ainsi soupçonné de contribuer à favoriser la prévalence de la maladie, un des problèmes de la santé publique ayant un coût élevé en termes de développement.
La conclusion de la recherche de Tsarasoa pourrait apporter une réponse partielle à la problématique de la lutte contre le palu non seulement à Madagascar mais aussi en Afrique voire dans le monde. Les recommandations qui émaneront de sa démarche pourraient donc insuffler un changement de méthode de lutte. Mais il y a lieu de souligner que la Malagasy ne travaille pas seule. D’autres chercheurs en Afrique travaillent aussi sur la même espèce. Les résultats de leurs études seront complémentaires les uns des autres.
M.R.