Publié dans Politique

Envois illégaux de travailleuses malagasy au Koweït - Deux passeurs du pays condamnés à 5 ans d'emprisonnement

Publié le jeudi, 27 mai 2021

Entre 2016 et 2020, environ 160 jeunes femmes malagasy ont rejoint clandestinement Oman, Arabie Saoudite ou encore le Koweït. Hier, l'une de ces affaires à scandale, a été jugée au Pôle anti-corruption ou PAC aux 67ha. Au terme des débats desquels on trouve les accusés formés d'un jeune couple de passeurs dont Harilala Finoana Nantenaina Rakotovololona (28 ans), le mari et non moins technicien en bâtiment de son état et son épouse nommée Gabriella  Lovanantenaina Ramorarison, alias Lova (24 ans) ont été condamnés chacun à cinq  années de réclusion criminelle. « Il s'agit d'un allègement de peine sinon d'une peine équilibrée puisque les accusés ont fait un aveu », déclare la présidente tenant session de la CCO du PAC d'Antananarivo à l'issue de l'énoncé de la sentence.

 

D'abord pour le mari, c'est l'une des travailleuses qui l'avait dénoncé à la police, après le rapatriement de celle-ci. C'est donc Nantenaina qui se charge du recrutement, mais aussi de formalités nécessaires au voyage telles que le visa ou le billet d'avion. Mais surtout, il affirme bénéficier de l'aide d'un médecin retraité pour les visites médicales, mais aussi de l'une de ses relations à la police de l'air et des frontières. Depuis son box d'accusé hier, Nantenaina a tout avoué. « J'agissais comme une agence de placement informelle pour relier notre antenne au Koweït. Nous avons perçu 600$ par fille. J'ai contacté les candidates au voyage par le canal d'un groupe de publications basé à l'extérieur sur les réseaux sociaux. Celles qui désiraient partir me contactent ensuite par téléphone deux semaines après notre premier contact sur Facebook », confie-t-il au juge.  

A la question de celle-ci à propos de sa grande responsabilité sur les dérives dont les travaux forcés ou la prostitution que leurs employeurs arabes ont fait subir à ces jeunes femmes malagasy, une fois au pays du Golfe, Nantenaina répond avec calme ; « Madame, je les ai aidées à partir là-bas pour qu'elles puissent travailler comme des femmes de ménage au Koweït, non point pour se prostituer. Cet emploi que nous leur avons promis se trouve d'ailleurs dans le contrat. Donc, une fois que ces filles sont au Koweït, j'ignorai totalement ce qu'elles ont réellement fait là-bas », explique-t-il. Et de poursuivre : « Nous étions dans le besoin. Or, il a fallu assumer le traitement de mon père malade et diabétique.  Cet argent nous a permis de le faire », affirme encore l'accusé. Ce à quoi, la présidente de la Cour n'a pas manqué de remarquer qu'avec ces dollars que le couple a gagnés, le couple ment de n'avoir envoyé qu'une trentaine de filles au Koweït. La juge accuse les époux simplement de faire de la traite d'êtres humains. « Avec 4500$ perçus l'année, cela ne suffit pas à couvrir ce traitement comme vous prétendez. Donc vous mentez ; Il vous a fallu envoyer davantage de filles », rétorque la présidente.

Quant à l'épouse, elle accepte d'avoir envoyé ces travailleuses ayant entre 21 et 29 ans, et qui sont originaires de villes comme Antsirabe,   Fianarantsoa ou Antsiranana au Koweït pour qu'elles y travaillent comme des domestiques. « Je nie formellement les avoir aidées à partir pour qu'elles s'y prostituent », clame Gabriella. Devant la question du juge qui lui a demandé si l'accusée était en connaissance de cause ou non, que ces voyages sont interdits par la loi en vigueur, la concernée répond : « Je ne le savais qu'en 2017 ! », lâche-t-elle.  « Et pourtant, vous avez continué à le faire en 2018 ! », note la présidente de la CCO à son endroit.

Sans la complicité de passeurs basés dans la Capitale, ces immigrations honnies et punies par la loi en vigueur, n'auraient jamais dû exister.

Le problème, c'est que les séjours des jeunes malagasy dans des pays comme l'Arabie ou le Koweït furent souvent un véritable calvaire : travaux forcés, maltraitance, agressions sexuelles ou autres sévices, barbarie pure et simple, toxicomanie qui se termine souvent par la folie de la victime .D'où le farouche combat mené par le pouvoir actuel pour traquer les passeurs locaux et leur complicité à l'étranger.

Franck R.

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Editorial

  • Traque aveugle (II) ?
    Nous revenons à la charge. Au risque d’être taxé d’entêté, il nous est impossible de ne pas revenir sur le thème précédent (« Traque aveugle » du 14 /11 /25) afin d’interpeller vivement ce que nous appelions, au final, de traque aveugle à l’encontre des entités de productions appartenant à des nationaux et laisser, non-inquiétés, certains ressortissants étrangers souvent naturalisés malagasy aux pratiques douteuses. Des voix commencent à s’élever et finissent par remonter en surface. Ces voix discordantes inondent la toile et dénoncent : « pourquoi s’acharne-t-on sur certains rares Gasy, capitaines d’industrie, en laissant « en paix » les … autres ! Suivez mes yeux ! Lors de la première édition de la « Traque aveugle » du 14 novembre 2025, on était amené à capter l’attention du public sur certaines opérations militaires, des fois, musclées qui sont en fait, de source avisée, des perquisitions officielles. On différencie difficilement…

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