Publié dans Politique

Destruction de la forêt primaire de Vohibola - Non à la certitude d’impunité !

Publié le dimanche, 31 juillet 2022


La forêt de Vohibola, vestige de forêt tropicale sur le littoral est de Madagascar abritant des espèces introuvables nulle part ailleurs au monde, ne sera plus que de nom d’ici seulement quelques années. Les groupes qui s’évertuent à la détruire semblent avoir la certitude d’impunité. Ils continuent de plus belle leur œuvre au détriment de la diversité biologique que recèle la forêt classée de Vohibola. Mais il y a à Madagascar cette perception culturelle de l’abondance fondée sur la croyance en une offre illimitée des ressources naturelles.
L’association « Razan’ny Vohibola », qui la protège depuis 2017 selon le principe du transfert de gestion avec l’Etat, subit des pressions énormes. Les menaces de mort, de destruction de biens privés, les exactions, les jeux de combine entre responsables locaux et politiciens, les fausses accusations, etc. empêchent cette entité de mener sa mission de préserver la primaire dans la Commune rurale d’Ambinaninony, Brickaville, et située à 60 km au sud de Toamasina sur le canal des Pangalanes.
Atmosphère de peur permanente
Mercredi dernier, un jeune dénommé Lesabotsy est passé devant le Tribunal de première instance de Brickaville. Le prévenu, qui a bénéficié d’une mise en liberté provisoire, a tué des lémuriens à l’intérieur de la forêt où il a illégalement abattu des arbres en novembre. Fort du soutien des élus – dont des hautes personnalités du régime en place – et responsables locaux, celui-ci et ses acolytes se sont permis de proférer des menaces à l’endroit des membres de l’association.
Sa présidente Angélique Stéphane et son mari sont particulièrement visés. Pour leur propre sécurité, le couple a dû laisser à l’abandon de temps à autre ses propriétés privées à proximité de Vohibola au profit d’un exil forcé à Toamasina. Les autres membres de l’association sur place, eux, se doivent de fermer aussi leurs bouches. Ils vivent une atmosphère de peur permanente.
En effet, les braconniers et les trafiquants seraient en passe d’exécuter ceux qui interdisent l’entrée dans la forêt pour y chasser des animaux sauvages, de couper des arbres, de fabriquer du charbon… Le meurtre du vieux défenseur de l’environnement Henri Rakotoarisoa à Mangarivotra, Moramanga, est trop récent pour se rendre compte de ce dont sont capables les destructeurs de la nature.
Dénonciation calomnieuse
Pris en flagrant délit, Lesabotsy était arrêté puis relâché. Pour la deuxième fois, il était arrêté en avril et relâché à nouveau. Par la suite, l’affaire le concernant est confiée au Tribunal de Brickaville qui a reporté par deux fois l’audience. Le verdict sera prononcé le 23 août prochain à la suite du rendez-vous de mercredi. Au sortir de la Cour, le prévenu a ricané en lançant un regard moqueur en direction des représentants de l’association « Razan’ny Vohibola ».
Entre-temps, Fidélis Ranomenjanahary et Jérémie Rakotoarizafy, agents patrouilleurs de la forêt, plus un certain Robert, un handicapé résidant à Andranokoditra, sont détenus à la maison centrale de Toamasina depuis le 15 juillet. Leur accusation porte sur leur présumée implication dans l’assassinat d’un jeune homme suite à une dénonciation calomnieuse liée à une histoire de sorcellerie. Les proches de la victime sont par la suite venus venger en détruisant une case sous les yeux des villageois d’Andranokoditra.
Par méchanceté
Il s’agit en réalité d’un règlement de compte entre villageois et auquel les patrouilleurs qui étaient dans la forêt au moment de ces faits n’ont pas été associés en aucune manière. « Nos hommes sont en prison emprisonnés à tort et par méchanceté pour un crime qu’ils n’ont pas commis avec leurs droits bafoués », regrette Angélique Stéphane.
L’emprisonnement est encore pour elle une autre diablerie montée dans le but de faire taire les défenseurs de Vohibola. La présidente de l’association paie de sa poche pour les avocats des patrouilleurs. En avril 2019, deux notables membres actifs, âgés alors respectivement de 84 ans et 63 ans, ont aussi connu à peu près le même sort.
Dans une énième pétition qui circule sur les réseaux sociaux, l’association appelle à la cessation de tout sentiment d’impunité. « Ne leur donnons pas cette certitude d’impunité », clame-t-elle haut et fort. L’association se tient debout seule face à une horde de prédateurs voraces. Diverses organisations lui donnent un coup de pouce dans ce combat périlleux pour sauver des biens appartenant à toute l’humanité à Madagascar qui abrite 5 % de la biodiversité mondiale.
M.R.

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Editorial

  • A la dérive !
    L’heure est grave. De fortes secousses ébranlent l’édifice. Le navire perd le cap et risque de chavirer. L’image répercutée n’est pas du tout encourageante ! Le message émis semble sonner le … glas ! Dans un pays empêtré dans les marécages des difficultés complexes avec un dénominateur commun la misère, les malheurs se bousculent au portillon. Madagasikara devient le point de rencontre des délits inimaginables parfois inhumains. Une jeune mère de 23 ans s’effectue un montage de film pornographique avec son propre fils, un petit garçon d’à peine cinq ans et propose le macabre film sur les réseaux sociaux. Evidemment, les amateurs de pédopornographie, des obsédés sexuels s’arrachent de ces obscènes produits. Pour une question de jalousie et surtout de vengeance, on a aucun scrupule de mettre en danger de mort plus d’une cinquantaine de concitoyens dont parmi eux des membres de la famille. Trente-deux personnes, jusque-là, ont trouvé la…

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