Ce mammifère pesant à peine 30 grammes n’est trouvé nulle part ailleurs au monde que dans la forêt protégée de Menabe - Antimena. Cet espace est aussi plus connu par la densité de la forêt des baobabs. Le microcèbe en question y était découvert pour la première fois il y a trois décennies passées.
La nouvelle, qui était un événement grandiose, faisait le bonheur des chercheurs nationaux et étrangers. Voilà pourquoi, le nom scientifique de l’espèce a été attribué à une éminente primatologue malagasy en l’occurrence Berthe Rakotosamimanana, décédée le 29 novembre 2005.
Le mondialement connu Pr Jonah Ratsimbazafy est l’un de ses disciples attitrés. Il est à la fois président du Groupe d’étude et de recherche sur les primates de Madagascar (GERP) et le président en exercice de la Société internationale de la primatologie (IPS).
En défenseur fervent des lémuriens, ce scientifique malagasy a le droit et l’obligation de crier haut et fort au sujet de ces animaux qui représentent 20 % des espèces de primates non humains au monde. En effet, ces mammifères arboricoles vivent exclusivement à Madagascar bien que des spécimens exportés se rencontrent dans des zoos à l’étranger.
Plus de 90 % de ces animaux sont menacés aujourd’hui. Le cas de Microcebus berthae est particulièrement préoccupant. Le résultat d’une récente étude sur terrain, conduite par une équipe de chercheurs étrangers, met en exergue la probable disparition de cette espèce d’ici peu.
Son habitat naturel qu’est la forêt de Menabe - Antimena n’aura plus que quelques années pour vivre. Sous la forte pression des actions humaines en raison de la présence accrue des migrants venant du Sud, le couvert forestier diminue d’année en année. Ils sont de plus en connexion avec des élus et responsables locaux dont l’ancien député de Mahabo surnommé Leva.
Toutes les instances du pouvoir connaissent très bien ce problème et ses conséquences. Un groupe de diplomates (américains, suisses, allemands et britanniques) des pays parmi les financeurs de la protection de cette aire protégée est descendu sur le lieu l’an passé pour tirer sur la sonnette d’alarme. Mais, à cause des jeux de combine, les mesures prises pour stopper l’hémorragie n’ont que très peu d’effet jusqu’ici.
La disparition de cette espèce de lémurien est un indice qui fait la honte de tout le pays aux yeux du monde entier. Bien d’autres espèces animales et végétales disparaissent aussi avec elle. Pourtant, leur conservation n’est possible que grâce à l’argent provenant des contribuables des pays donateurs qui vont demander des comptes à Madagascar et à ses dirigeants.
La conclusion des observateurs serait simple : le pays, sa population et ses dirigeants sont incapables de défendre leurs biens qui sont aussi des biens appartenant à l’humanité tout entière car la population malagasy en fait partie intégrante.
Madagascar a l’honneur d’être choisi pour organiser le sommet de la Société internationale de la primatologie en 2025. Le pays a devancé l’Afrique du Sud qui voulait aussi accueillir ce prestigieux rendez-vous planétaire. Mais la disparition des espèces de primates présentes sur l’île ne lui attire que déshonneur et ironie.
L’on célébrera le 28 octobre prochain la Journée mondiale/internationale des lémuriens. Ce sera une énième occasion pour renouveler les appels en faveur de la protection de ces animaux uniques au monde. A ce propos, le Pr Ratsimbazafy a rencontré la ministre de l’Environnement et du Développement durable Marie-Orléa Vina lundi dernier.
M.R.