Publié dans Politique

Séparation des pouvoirs - Sérieusement écrasée à Madagascar

Publié le jeudi, 20 octobre 2022


Les responsables étatiques à tous les niveaux feraient bien de s’en tenir strictement au principe de séparation des pouvoirs. Le discours de la présidente de l’Assemblée nationale Christine Razanamahasoa lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire en cours est riche en enseignement. Il rend compte clairement de la fragilité de la séparation des pouvoirs à Madagascar.
Le big boss de l’Hémicycle malagasy a mis les points sur les « i ». Elle a même abordé des aspects extrêmement sensibles à l’origine du dysfonctionnement de l’appareil administratif de la République. En quelques phrases, l’élue d’Ambatofinandrahana a fait le tour d’horizon. Elle a dénoncé l’interférence entre le pouvoir exécutif le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire.
Les agissements de certains membres de l’Assemblée nationale et leurs proches collaborateurs, récemment rapportés par la presse et sur les réseaux sociaux, ont éclaboussé l’image de l’institution de Tsimbazaza. Ils ont mis au grand jour les abus et les usurpations de fonction perpétrés par des faiseurs de loi qui se muent en faiseurs de dégâts. Mais tous ces fracas ne sont que la partie immergée de l’iceberg.
Grande surprise
Le milieu judiciaire se révèle plus souvent comme le terroir de l’interventionnisme du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Tenus par la loi du silence, les fonctionnaires de la justice demeurent discrets sur les affaires potentiellement préjudiciables à la vie sociale et au devenir de la Nation. Les langues se délient quand même en coulisses.
Nonobstant l’indépendance de la Justice, des hauts responsables étatiques et des parlementaires se placent au-dessus des juges et magistrats. L’on entend souvent parler de lettres en bonne et due forme émanant de tel ou tel organe de l’Exécutif ordonnant la libération d’une telle ou telle personne. Pourtant, celle-ci a commis des infractions graves comme le détournement de deniers publics se chiffrant à plusieurs millions voire milliards de la monnaie nationale.
A ce propos, si le discours de Razanamahasoa avait eu lieu avant les municipales et communales de 2019, la ville de Moramanga aurait un maire et des conseillers municipaux élus. Le vote se déroulait bien au profit du candidat du parti de l’Opposition Tiako i Madagasikara. Mais, à la grande surprise de tous, le scrutin était annulé pour cause de soi-disant irrégularités qui n’ont jamais fait l’objet d’aucune requête.
Violation fragrante
Le secret a commencé à filtrer dès l’annonce de la suppression du vote. Des députés du parti majoritaire, par peur et éhontés car incapables de convaincre l’électorat, auraient
fait pression sur les juges administratifs de Toamasina pour qu’ils aient prononcé un autre verdict. Ironie du sort, les restrictions imposées par la pandémie en 2020 et en 2021 ont repoussé aux calendes grecques l’organisation d’une nouvelle élection qui n’aura plus lieu jusqu’à la nouvelle échéance électorale de 2023.
Le cas de Moramanga que personne n’ose crier haut et fort pour des raisons évidentes offre un bel exemple de la violation fragrante de la séparation des pouvoirs et de son impact sur la vie de la population. A cause de ce méfait, la ville carrefour est mise dans tous ses états. Les projets initiés au niveau local sont au point mort tellement la méfiance et la dissonance au sein de l’administration sont handicapantes.
Tout blocage qui amplifie la pauvreté endémique sur l’île trouve sa racine dans le non- respect manifeste de la séparation des pouvoirs qui ouvre une avenue aux abus de toutes sortes, à la corruption et à la paralysie de l’appareil d’Etat. Quand ce dernier est grippé, le développement et la croissance sont des coquilles vides. Heureusement, les organisations de la société civile sont assez dynamiques pour servir de balises de temps à autre à moins que leurs appels de détresse soient écoutés.
M.R.

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Editorial

  • Souci national
    L’équipe nationale de football, les Barea, touche le fond. Soit ! Un fait, une réalité que personne ne contredit point. Pas besoin d’une longue démonstration par A + B pour le constater. Il suffit de voir, d’écouter et de lire pour s’en rendre compte. Situation catastrophique qui défraie la chronique. En fait, notre Onze national devient un problème national, une honte nationale. Bref, un souci national que même les moins fervents au ballon rond en parlent.Le dernier match des Barea contre nos voisins les Cœlacanthes au cours duquel l’équipe nationale concéda la plus lourde des défaites avec un à zéro balaie définitivement nos espoirs. Un échec qui confirme le classement de la CAF comme quoi Madagasikara se trouve derrière les Comores. La « Grande terre », le dernier de la classe, est l’ombre d’elle-même !Le sport, la grande fenêtre qui ouvre un pays vers le monde extérieur, un tremplin qui…

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