Des informateurs de bonne foi sont venus à la Mairie, vendredi après-midi, pour signaler l’existence d’un gros trafic de bois en provenance du Fokontany de Sakalava. Ce jour, des bois clandestinement prélevés à la lisière du corridor forestier de l’Est Ankeniheny-Zahamena ont pris la direction d’Andrindra au PK26 sur la fameuse RN44. Ces produits illicites ont été transportés par un tracteur et des motoculteurs voire des charrettes à bœufs.
Les informateurs ont indiqué les endroits où ces moyens de transport ont été cachés avec leurs chargements. Deux responsables communaux ont entrepris de vérifier l’information qui s’est avérée fondée. Aussitôt mis au courant, le ministère, par le biais de la DULC, a saisi dare-dare la CIREF qui, à son tour, a dépêché des agents pour constater le fait et ouvrir l’enquête sur-le-champ à la nuit tombée.
Des chargements interceptés
Environ 130 pièces de bois ont été trouvées à bord de la remorque du tracteur parqué au lieudit Antsangambatomaro, situé à environ 3 km à l’est de la route nationale. Près de 80 autres, dont des bois précieux, ont été chargées à bord de quatre motoculteurs camouflés au petit hameau d’Ambodiamontaka, à environ 500 mètres de l’axe routier. Ces deux points sont localisés dans le Fokontany de Morarano Gare de la Commune éponyme.
La propriétaire du tracteur, une veuve, a été naturellement identifiée. Des indiscrétions ont aussi révélé les identités des propriétaires des motoculteurs dont le nombre est devenu six quand l’équipe de la CIREF a procédé à la vérification. Mais le moment où les missionnaires se sont absentés du lieu où les motoculteurs ont été regroupés, les supposés trafiquants ont vidé les remorques des trois motoculteurs. Celles à bord desquelles des pièces de bois précieux se trouvaient étaient visées.
Puisqu’il faisait noir alors que la piste était très mauvaise, il était impossible de déplacer les motoculteurs et le restant des bois. Il était aussi irréaliste de se rendre à Antsangambatomaro à une heure si tardive sous la pluie. Les agents ont alors enjoint à la propriétaire du tracteur de ne toucher à rien en prévision de la poursuite de l’investigation pour le lendemain.
L’équipe de la CIREF est revenue samedi matin. A sa grande surprise, les six motoculteurs ont tous disparu. Ceci a poussé les agents à demander à avoir un ordre de perquisition auprès du tribunal de première instance de Moramanga. Une fois l’autorisation en main, ils ont fouillé partout. Des sacs de charbon de bois de forêt naturelle et des pièces de bois illicites ont été découverts au village d’Ankanoatra et chez la propriétaire du tracteur.
Des fouilles minutieuses
De plus, plusieurs dizaines de bois ont été cachés dans son champ à l’ouest du village. Ceci étant, une partie des agents s’est rendue à Antsangambatomaro. Contre toute attente, aucune des pièces de bois qui y étaient trouvées la veille n’y était plus. Une indiscrétion a révélé l’endroit où une partie des bois à bord du tracteur était déplacée. La fouille s’est poursuivie jusque tard dans la soirée ce samedi et dimanche.
Au total, les agents ont pu saisir environ 400 pièces de bois illicites. Aux dernières nouvelles, plus de 200 pièces de bois de forêt ont aussi été débusquées mercredi au lieudit Andreba dans le Fokontany d’Ambohidray, toujours dans la Commune rurale de Morarano Gare. L’équipe de la CIREF de Moramanga a donc saisi dans cette même Commune plus de 600 pièces de bois illicites en six jours.
Selon des informations, les principaux suspects ont depuis des années exploité en toute impunité la forêt de Sakalava et celles d’ailleurs malgré l’interdiction formelle. En effet, une note sortie en janvier 2019 suspend l’exploitation, le transport et l’exportation des bois ordinaires et précieux sur tout le territoire de Madagascar. Aucune note contraire n’est en vigueur jusqu’ici.
L’Alliance Voahary Gasy (AVG), plusieurs autres organisations et même des représentations diplomatiques suivent de très près l’évolution de cette affaire. L’AVG en particulier, qui travaille en étroite collaboration avec le MEDD, exige des sanctions exemplaires, notamment en cette période électorale où le trafic des ressources naturelles a tendance à s’amplifier.
M.R.