Questionné, vendredi dernier sur la situation de l’or vert à l’occasion d’une interview sur une chaîne locale, le PDG du groupe SODIAT, Maminiaina Ravatomanga, en tant qu’opérateur économique œuvrant dans ce domaine, a exposé son point du vue sur le contexte actuel de la filière. En effet, l'Union européenne, consciente des enjeux liés à la sécurité alimentaire et à la santé des consommateurs, a durci les règlementations relatives au commerce de la vanille. Les résidus de nicotine autorisés dans les produits à base de vanille sont désormais strictement contrôlés, reflétant les préoccupations croissantes en matière de qualité et de santé publique. Cependant, la filière fait également face à une surproduction de vanille, ce qui a entraîné une chute significative des prix au kilogramme. Les planteurs, qui misaient sur des revenus stables grâce à la demande soutenue, se trouvent désormais confrontés à une réalité différente, où l'offre excède largement la demande. Cette situation précaire met en péril la subsistance des planteurs et la viabilité économique de toute la filière. Selon le PDG du groupe SODIAT : « L'histoire des mouvements d'exportation de vanille des années précédentes illustre un autre aspect des risques de déstabilisation. L'exportation de vanille sans garantir le rapatriement adéquat des devises dans les caisses de l'Etat a eu des conséquences néfastes. De nombreuses entreprises ont omis de respecter les obligations fiscales, ce qui a mis à mal la crédibilité et la légitimité de la filière. Le manque de transparence dans les opérations et le non-respect des lois ont sapé la confiance des autorités et des parties prenantes».
L’exemple du letchi
L'échec à rapatrier une grande partie des devises issues des exportations a laissé l'Etat en proie à des pertes financières importantes. Les chiffres annoncés par le ministre des Finances illustrent l'ampleur du problème, avec des milliards de manque à gagner pour l’Etat. De plus, cette situation a amplifié les défis déjà existants en matière de balance de paiements pour le pays. Face à cette série de problèmes, les autorités ont réagi en prenant des mesures visant à sécuriser la filière. La création du Conseil national de la vanille (CNV) et la mise en place de diverses structures sont autant d'efforts visant à restructurer la filière et à instaurer des pratiques plus transparentes et responsables. Parmi ces mesures, la certification des exportateurs et la fixation d'un seuil de nicotine autorisé illustrent l'intention d'améliorer la qualité et l'intégrité des produits. L'exemple positif du secteur des Letchis, qui a trouvé une certaine stabilité grâce à la mise en place d'un groupement d'exportateurs (GEL), offre un modèle à suivre. En structurant la filière de la vanille de manière similaire, en mettant l'accent sur la coopération, la traçabilité et le respect des réglementations, il pourrait être possible de revitaliser cette filière emblématique. Ainsi, la filière vanille fait face à des défis complexes qui mettent en évidence la nécessité d'une restructuration profonde pour assurer sa viabilité économique, son intégrité et sa contribution à l'économie locale. Les enjeux de qualité, de régulation du commerce et de transparence doivent être abordés de manière collective pour rétablir la confiance et promouvoir une filière de la vanille florissante et durable.
Hary Rakoto