La comparution de Thierry R. du CAPSAT et de Michaël R., ces deux colonels de l'Armée accusés d'atteinte à la sûreté de l'Etat le 7 novembre 2023, s'est déroulée à la salle no2 du Tribunal d'Anosy, hier. Ici, c'est l'Etat qui porte plainte. Les accusés ont eu à répondre de leurs actes à propos de partage d'une somme de 120 millions d’ariary destinés à fomenter une rébellion. Ainsi, chaque commandant d'unité militaire devrait recevoir leurs parts de cette somme. Mais les deux officiers supérieurs sont également accusés de tentative pour boycotter l'élection présidentielle du 16 novembre 2023. Au terme de deux heures de débats au cours desquels les accusés ont plaidé non coupable, la présidente de la Cour a tranché : le verdict sur cette affaire sera annoncé le 30 janvier dernier. Elle a refusé la liberté provisoire des accusés, qui ont dû retourner en prison, en attendant leur sentence.
Durant sa prise de parole, le désormais ex-colonel Thierry R. a rejeté en bloc les accusations qui pèsent sur lui. "Je n'avais eu la moindre idée de faire un coup d'Etat. J'avais été seulement convoqué à l'Etat-major où on m'a contraint de rédiger une lettre manuscrite à propos d'un renseignement ou des faits qui auraient prétendument prévalu durant cette période de novembre 2023. Je n'ai pas osé contredire mon supérieur hiérarchique, qui me disait de le faire en une heure sous peine d'être radié de l'Armée. Or, le renseignement en lui-même n'a jamais existé", s'est défendu l'accusé.
Même refus et même démenti de sa part lorsque le procureur a voulu qu'il confirme sa mission, qui devait consister à faire le tour des bataillons militaires de la Capitale pour les pousser à se rebeller. Il a contesté également ses propres déclarations soulevées par le procureur, déclarations auxquelles il aurait proposé à Mickaël de rembourser les 120 millions d’ariary puisque tout était tombé à l'eau. Enfin, il a expliqué qu'il n'a aucune raison de faire le tour des bataillons, et que son nom n'était pas sur Facebook.
De son côté, son homologue et non moins co-accusé Mickael R. a également rejeté les charges qui pèsent sur lui. "Je n'ai pas touché aucune somme et je n'ai pas à en partager aux militaires", a-t-il affirmé. Mais la juge l'a confondu en disant "Et pourtant, vous aviez été tous les deux toujours ensemble", lui rétorque la présidente de la Cour. Ce à quoi, l'ex- colonel Mickaël déclarait qu'il n'aurait vu son homologue que trois fois en novembre 2023, et ce, pour passer le temps jusqu'à ce que tous les deux ont été placés en garde à vue à la Gendarmerie, le 16 novembre 2023. L'accusé a même affirmé que son arrestation serait un coup bas de certains "envieux", qui voulaient simplement sa perte. La juge a une fois de plus confondu les accusés à cause des sms qu'ils auraient échangés à l'époque. "C'est fini pour moi Zoky", aurait dit l'un des colonels en cause à son homologue lorsque l'affaire a éclaté, et ce, grâce à une réquisition téléphonique. Et qu'ils auraient cherché à s'en servir à ce sombre dessein de cette somme prévue à aider au fonctionnement de la logistique des bataillons. Au final, le procureur a demandé l'application de la loi pour trancher sur le sort des accusés. Wait and see donc le 30 janvier prochain.
Franck R.