Romy Voos Andrianarisoa, ancienne directrice de cabinet de l’actuel Président de la République, a été déclarée coupable par un jury du tribunal de Southwark Crown Court. Accusée de corruption, elle attend désormais le prononcé de sa sentence, fixé au 18 mars prochain. Elle et son complice Philippe Tabuteau risquent tous les deux un maximum de dix ans de prison, mais le second verra sa peine réduite d’un tiers parce qu’il a plaidé coupable.
L'affaire remonte à une tentative présumée de Romy Andrianarisoa et de son complice Philippe Tabuteau d'obtenir 310 000 dollars de Gemfields, une société britannique spécialisée dans l'extraction de rubis et d'émeraudes. En échange de cette somme, ils cherchaient également une participation de 5% dans la filiale exploitant des mines à Madagascar, assortie de licences minières. A noter que cette tentative aurait eu lieu entre 2021 et 2023, ce qui veut dire que les petites affaires ont débuté pour Romy Andrianarisoa, alors qu’elle n'était pas encore la directrice de cabinet de Rajoelina, statut qu'elle a acquis en mars 2023.
Cette condamnation va susciter une déception notable chez Fanirisoa Ernaivo, opposante farouche au pouvoir à Madagascar, actuellement établie en France. Son espoir de voir cette affaire ébranler profondément l'appareil étatique du pays, voire toucher le Président Andry Rajoelina, a du plomb dans l’aile. Depuis le dévoilement de l'affaire trois mois avant l'élection présidentielle de l'an dernier, l’ex-magistrate s'était investie personnellement dans la couverture de cette affaire, alimentant des spéculations et lançant des rumeurs, dont certaines se sont avérées être infondées.
Cette activiste politique a cherché à démontrer que Romy Andrianarisoa n'était qu'un pion, espérant que d'autres personnalités au sein du régime seraient également inquiétées durant le procès. Elle avait même avancé des allégations d'implication du Chef de l'Etat dans cette affaire. Des allégations gobées par un candidat à la présidentielle de l’Opposition qui a relayé l’information non recoupée.
Cependant, les faits présentés au tribunal n'ont impliqué aucun autre nom que celui de Philippe Tabuteau, patron de la société Impact Capitale, spécialisé notamment dans la compagnie des institutions et des industries en Afrique, et dont le nom était apparu il y a quelques années auparavant dans une affaire de malversations en Guinée.
En tout cas, la procédure judiciaire écarte toute responsabilité du Président malgache. D’ailleurs, comme rapporte la presse étrangère, dans un des enregistrements à charge contre elle, Romy Andrianarisoa met le Président Andry Rajoelina « à bonne distance » de cette affaire.
Les sources dans la Grande Île ont également exclu toute implication du Chef de l'Etat dans cette affaire, soulignant que la directrice de cabinet de l’époque avait, la veille de son arrestation à Londres le 10 août, quitté le pays en catimini avec l’aide d’un agent du protocole de l’Assemblée nationale et non de la Présidence.
La sentence ne concernant que Romy Andrianarisoa et Philippe Tabuteau va laisser un arrière-goût amer à Fanirisoa Ernaivo et consorts au sein de l’Opposition, eux qui étaient nombreux à espérer aveuglément voir tomber des hauts responsables impliqués dans cette affaire. La réalité judiciaire aura eu raison de leurs attentes.
La Rédaction