Publié dans Politique

Regards croisés sur la corruption à l'aéroport d’Ivato - Douanes et Sécurité publique s'expriment

Publié le mardi, 14 mai 2024

Dans deux interviews exclusives, le receveur des douanes à Ivato aéroport et le directeur de cabinet du ministère de la Sécurité publique partagent leurs points de vue sur les récentes allégations de corruption à l'aéroport international d'Ivato. Découvrez leurs perspectives croisées sur ce sujet brûlant.

Inspecteur Hery Rakotosolofo, receveur des douanes Ivato aéroport

« La douane reste à l’écoute des usagers » 

La Vérité(+) : Quelles sont les responsabilités des douaniers à l'aéroport Ivato ?

Le receveur des douanes à Ivato aéroport(-) : Les agents des douanes sont responsables du contrôle économique au niveau des frontières. A cet effet, ils procèdent au contrôle des passagers et des marchandises en se basant sur le profilage préalablement effectué. Cette méthode est couramment utilisée dans tous les aéroports internationaux à travers le monde.

Les agents des douanes effectuent le contrôle des marchandises qui doivent être soumises à la taxation (perception des droits et taxes sur les marchandises à caractère commercial ou sur les marchandises non commerciales mais qui dépassent les limites des droits autorisés (quantité).

Ils surveillent les marchandises prohibées qui ne peuvent être importées/exportées ou celles qui nécessitent une autorisation particulière (lutte contre les trafics illicites en tout genre (or, pierres précieuses, devises, faune et flore, drogues, armes, ...). Les agents des douanes facilitent le commerce licite et le passage à la frontière des voyageurs en conformité avec la réglementation en vigueur.

Ils constatent également toutes les infractions douanières au niveau des frontières pourvues des bureaux des douanes. Il sied de noter que des infractions peuvent être commises à l’insu des agents des douanes, dans des zones non occupées par les douanes, c’est ce qu’on appelle la « contrebande ».

(+) :Pouvez-vous nous donner un aperçu de la situation actuelle en ce qui concerne les allégations de racket au sein de vos services à l'aéroport international ?

(-) : En effet, plusieurs allégations circulent sur les réseaux sociaux, ainsi il est nécessaire d’éclaircir la situation. L’administration douanière a déjà examiné en interne les allégations circulant sur les réseaux sociaux. Notamment celles concernant un agent des douanes apparaissant sur Facebook (en octobre dernier). Il convient toutefois de préciser que l’agent en question n'est plus en service à l'aéroport d'Ivato depuis quelques années et a été affecté à d'autres bureaux dans le cadre de procédure normal de rotation au sein de l’administration des douanes. 

Dernièrement, concernant le cas de la Télévision qui a été diffusé, il est important de noter que les personnes prétendument victimes n'ont pas exprimé  leurs doléances auprès des responsables du bureau des douanes ni au niveau central malgré la mise en place par la douane de structures dédiées à la réception des doléances des usagers. 

Concernant les accusations de vol, impliquant des agents des douanes, des effets personnels et des marchandises dans les bagages, il est important de souligner que de tels incidents ne peuvent se produire, car il y a un processus rigoureux établi lors des contrôles. Les bagages en soute sont soumis à un contrôle par scanner et pour les bagages à main, en cas de suspicion, les douaniers appellent le voyageur et effectuent le contrôle en présence de ce dernier. Face à toute cette situation, nous pouvons donc dire que ces allégations manquent de cohérence et ne peuvent être justifiées. 

Aussi, les voyageurs sont souvent troublés lorsque des autorisations leur sont demandées ou que des taxes leurs sont imposées. Le manque d’information des voyageurs est souvent à l'origine des allégations de corruption.

Comme dans tous les aéroports internationaux à travers le monde, les agents des douanes concentrent leur contrôle sur les passagers à risque, étant donné l'impossibilité de vérifier chaque individu. Cette situation peut parfois être interprétée à tort comme étant du favoritisme ou de la corruption.

Force est de constater qu’il existe plusieurs entités qui contrôlent à l’aéroport d’Ivato, ce qui très souvent prête les usagers à confusion. Ainsi, quand il y a des allégations, les douanes sont souvent les premières visées, même si elles ne sont pas nécessairement responsables des incidents dénoncés. 

(+) : Quelles mesures avez-vous prises pour enquêter sur ces allégations ?  Suite des cris de détresse des victimes ? 

(-) : Les victimes sont encouragées  à se manifester auprès de l’« Assistance douane » pour garantir la  pertinence et la traçabilité des actions entreprises. Elles peuvent le faire en utilisant  le numéro vert = 360, ou en envoyant un courriel à l’adresse email = Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. ). Il incombe ensuite à l'équipe d'assistance de solliciter les réponses auprès des services responsables, notamment le SID,  le SPCB ou le RECDOU 12IV . 

Même si le plaignant ne communique pas directement avec l' « Assistance douane », tout  service constatant la doléance peut la rapporter à l’assistance. Le directeur général des douanes surveille de près toutes les doléances rapportées au niveau de l’assistance.

La supervision directe du traitement des passagers est assurée par le chef des opérations commerciales. Chaque équipe est dirigée par un chef de groupe qui est chargé d'une zone spécifique et qui est également responsable des agents placés sous ses ordres. En cas de faute, des sanctions immédiates sont appliquées. 

Le bureau organise régulièrement des séances de sensibilisation en interne sur la lutte contre la corruption, le renforcement du professionnalisme, le respect de l'éthique, et les mesures qui seront prises à l'encontre des agents fautifs. Dès réception des plaintes, un processus de recoupement et d’investigation est immédiatement déclenché, sous la supervision du receveur des douanes qui diligente l'investigation.

Le site de la douane malagasy est accessible au public, offrant ainsi une source d’information sur les procédures et les formalités douanières. La douane poursuit des réformes pour mettre en place un service fiable et transparent en qui le public peut avoir confiance.

(+) : Quel est le processus de supervision et de contrôle mis en place pour assurer l'intégrité de vos agents et prévenir les actes de corruption ?

(-) : La décision de contrôler ou de faciliter le passage d’un voyageur n’est jamais laissée à l’appréciation d’une seule personne. Le processus de supervision et de contrôle est réalisé en quatre paliers. Par les préposés des douanes et agents d’encadrement : fouilles et visite au corps ; Par les contrôleurs : validation ou contestation des actions précédemment effectuées par les agents ; Par les inspecteurs chefs de groupe : validation ou instructions pour plus de contrôles à effectués par son groupe ; Par le chef des opérations commerciales escale Ivato : coordination de l’ensemble des contrôles de l’aéroport.

L’application de la note n°223-2016 MFB/SG/DGD du 30 mai 2016 sur le traitement des bagages accompagnés des voyageurs, est observée par tous les agents des douanes travaillant à l’aéroport, détaillant ainsi  tous les droits et obligations des voyageurs. 

Par ailleurs, la douane travaille en étroite collaboration avec le BIANCO et les entités de lutte contre la corruption sur des cas de sensibilisation en matière de corruption.  L’administration ne cautionne et ne tolère pas les tentatives de corruption effectuées par des agents et autorise les entités à prendre les mesures nécessaires.  

(+) : Comment votre organisation traite-t-elle les plaintes et les signalements de comportements répréhensibles de la part de ses employés ?

(-) : Le service de l’inspection douanière confirme la matérialité des faits en menant des enquêtes sur le terrain. Ensuite, Le service des ressources humaines propose à l’autorité compétente les sanctions applicables conformément aux textes en vigueur.

(+) : Comment assurez-vous la confiance du public dans vos services ?

(-) : Effectivement, la douane a pris note des diverses manifestations sur les réseaux sociaux, et demeure constamment à l’écoute des usagers.  Ainsi, l’administration des douanes est toujours ouverte à toutes doléances à travers l’assistance douane, accessible via le numéro vert 360 et l’adresse mail Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Les procédures sont largement diffusées sur le site web de la douane pour que tout le monde y ait accès. Des affichages complètent également ces communications.

Des caméras de surveillance, appartenant à l’exploitant aéroportuaire, sont présentes dans tout l’aéroport. Les enregistrements des images peuvent constituer de preuves pour établir la vérité lors d’un évènement. Il sied de préciser que  la douane ne peut y accéder que sur autorisation en cas d’infraction douanière et n’a aucun moyen de les modifier. 

(+) : Pouvez-vous partager des exemples de mesures concrètes prises récemment pour lutter contre la corruption au sein de vos services à l'aéroport international ?

(-) : Une enquête de satisfaction des usagers de la douane est menée régulièrement, en collaboration avec le ministère de l’Economie et des Finances. La dernière a eu lieu en fin mars 2024. Nous avons également installé des visuels informatifs  (affichage, x-banner, panneau) à l'aéroport pour informer le public de ses droits. 

Le numéro vert 360 et l’adresse email Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. de la douane restent toujours disponibles 24h/24h pour les usagers. Néanmoins, des améliorations seront apportées pour offrir une satisfaction accrue au public. Les droits et obligations des usagers sont déjà visibles dans tous les aéroports par voie d’affichage mais des améliorations seront apportées pour davantage de visibilité. 

 

Commissaire divisionnaire de Police Razaka Andriamahasoa, directeur de cabinet du ministère de la Sécurité publique

« La lutte contre la corruption parmi nos priorités »

La Vérité(+) : Quelles sont les responsabilités de la Police à l’aéroport d’Ivato ?

Le commissaire de Police Razaka A .(-) : La Police nationale à l’aéroport d’Ivato a pour responsabilité spécifique le contrôle des documents de voyage, de documents de séjour, le contrôle d’authenticité (lutte contre les fraudes documentaires, l’usurpation d’identité…)

De plus, hormis ses missions complémentaires (contrôle économique, contrôle de sûreté, contrôle sanitaire, contrôle de sécurité), elle exerce ses missions traditionnelles de lutter contre toutes formes d’infractions de droits communs, contre la criminalité transnationale organisée, et la traite des êtres humains.

(+) : Pouvez-vous nous donner un aperçu de la situation actuelle en ce qui concerne les allégations de racket au sein de vos services à l'aéroport international ?

(-) : Ces derniers temps, on a pu observer à travers les réseaux sociaux des doléances concernant des agissements au sein des services. Evidemment, des recoupements ont été effectués pour savoir ce qu’il en est exactement.

(+) : Quelles mesures avez-vous prises pour enquêter sur ces allégations? Suite des cris de détresse des victimes ? 

(-) : Les descentes de contrôle sur terrain donnent lieu à l’ouverture d’enquête sur des cas établis. Ces dossiers sont en cours de traitement suivant les procédures en vigueur.

(+) : Quel est le processus de supervision et de contrôle mis en place pour assurer l'intégrité de vos agents et prévenir les actes de corruption ?

(-) : Il convient de signaler qu’auparavant, l’Inspection générale de la Police nationale avait déjà pris des mesures de prévention comme dans tous les différents services de police en menant des actions de prévention et d’investigations dans le cadre des affaires disciplinaires et de manquement aux règles statutaires et de déontologie. Des séances de sensibilisation sont organisées périodiquement pour rappeler les dispositions des textes en vigueur. 

(+) : Comment votre organisation traite-t-elle les plaintes et les signalements de comportements répréhensibles de la part de ses employés ?

(-) : Les plaintes, doléances et signalements donnent suite évidemment à des investigations. Ainsi, si les faits sont avérés, un dossier disciplinaire est constitué pour la traduction devant le conseil de discipline sans empêcher d’éventuelle poursuite pénale.

(+) : Comment assurez-vous la confiance du public dans vos services ?

(-) : Des efforts sont faits pour garantir la redevabilité de la Police nationale envers le public malgré l’inconduite de certains personnels. Pour appliquer la devise « Polisim-pirenena miaro sy manampy ny vahoaka », chaque policier se doit de s’investir dans ce sens à travers ses missions de protection, d’aide et assistance.

(+) : Pouvez-vous partager des exemples de mesures concrètes prises récemment pour lutter contre la corruption au sein de vos services à l'aéroport international ?

(-) : La lutte contre la corruption fait partie des priorités du ministère de la Sécurité publique. Ainsi, des mesures concrètes prises auparavant continuent d’être appliquées actuellement comme l’application des standards de service (port de badge, affichage des procédures à suivre, mise à la disposition d’une boîte de doléances…)

La descente du ministre de la Sécurité publique à l’aéroport international samedi dernier, accompagné de son équipe démontre bien sa volonté de mener sans relâche cet engagement pour la probité.

Illustrant cette intolérance, les mesures d’assainissement continuent toujours en remplaçant les personnels faisant l’objet de preuves de manquement à l’éthique ou à la discipline.

 

De plus, on a mis récemment à la disposition du public un numéro qui sert à recevoir les doléances des éventuelles victimes d’abus ou d’actes de corruption commis par les policiers. Ces appels sont pris en compte immédiatement par des responsables.

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Editorial

  • La question !
    L’espoir serait-il permis ! L’Assemblée nationale, réunie en séance plénière votait le lundi 2 décembre la mise en place de la « Commission spéciale de mise en accusation » auprès de la Haute Cour de justice (HCJ) dont l’élection du président. Les députés présents ont élu à l’unanimité le candidat présenté par le groupe parlementaire Isika rehetra miaraka amin’ny Andry Rajoelina (IRMAR) Haja Resampa, le députe IRMAR élu dans le Menabe (Morondava). Il succède à ce poste, très délicat, à Honoré Tsabotokay, présidant la Commission de mise en accusation lors de la précédente législature, député élu dans la Circonscription de Vohipeno (Sud-est).

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