Publié dans Politique

Diaspora malagasy aux Emirats arabes unis - Plaidoyer pour la levée des restrictions à l’émigration 

Publié le lundi, 28 octobre 2024

La diaspora malgache aux Emirats arabes unis est en pleine expansion, avec plus de 700 membres aujourd’hui contre une vingtaine en 2017. Anne Frank Martinie incarne cette dynamique en tant que présidente de l’association de la diaspora malgache sur place. Dans cette interview, l’agent immobilier et organisatrice d’événements, réélue hier à la tête de cette association fondée pour favoriser l’entraide et promouvoir Madagascar évoque les initiatives mises en place pour renforcer les liens avec la patrie.

Elle plaide par ailleurs pour un assouplissement des restrictions imposées par Madagascar sur l’émigration vers les Emirats arabes unis, pays qui compte sept Emirats dont les plus connus sont Dubaï ou encore Abu Dhabi.  Elle partage sa vision d’une coopération entre les Malgaches et les acteurs locaux dans divers secteurs comme l’agriculture, le tourisme et le développement.

La Vérité (+) : Quelles activités l’association propose-t-elle pour la diaspora ?

Anne Franck Martinie  (-) : Nous organisons l’arrivée d’artistes malgaches en collaboration avec Baobab Entertainment, célébrons la fête nationale avec des traditions malgaches, et organisons des événements pour Noël, le Nouvel An, ainsi que diverses petites activités. Durant l’Expo 2020, où Madagascar participait, nous avons organisé le « Madagascar Day » en partenariat avec M. Tovo Ratsimbarison et avec la participation de l’artiste Betsileo ZMJ, entre autres. Cet événement a reçu des éloges comme l’un des plus appréciés de l’expo.

(+) : Quels projets l’association a-t-elle pour renforcer l’unité des Malgaches aux Emirats ?

(-) : Nous envisageons d’organiser des rencontres régulières, des expositions et des ventes d’artisanat, ainsi que des actions pour promouvoir le tourisme malgache et créer des partenariats commerciaux. Nous cherchons également des aides pour soutenir les Malgaches ici et ailleurs.

(+) : Comment l’association aide-t-elle ses membres à s’intégrer ?

(-) : Nous avons un groupe WhatsApp pour ceux qui souhaitent rejoindre la diaspora. Il existe aussi des sous-groupes pour les échanges commerciaux, la prière, l’humour, et la recherche d’emploi.

Généralement, les nouveaux arrivants ne se manifestent que lorsqu’ils rencontrent des difficultés. A ce moment-là, nous les aidons du mieux que nous pouvons en leur donnant de bons conseils.

(+) : Comment les habitants des Emirats perçoivent-ils les Malgaches résidant sur place ?

(-) : Peu de gens connaissent Madagascar ici, à part grâce au film d’animation du même nom. Les Malgaches s’intègrent bien, et les locaux les accueillent chaleureusement. Contrairement aux idées reçues, les Emiratis sont respectueux, surtout envers les femmes.

(+) : Quelles sont les principales difficultés rencontrées par les Malgaches à Dubaï ?

(-) : La barrière de la langue pour ceux qui ne parlent pas anglais est un défi pour trouver un emploi. Les frais de visa sont élevés, et ceux qui dépassent la durée de séjour autorisée risquent de lourdes sanctions. Le loyer est également très cher, ce qui pousse certains à partager une même chambre.

En outre, le manque de soutien des autorités malgaches rend les choses plus compliquées, mais nous faisons de notre mieux pour nous entraider.

(+) : Lorsque vous parlez de manque de soutien, de quoi s’agit-il ?

(-) : Par exemple, jusqu’à présent, notre seule collaboration est avec l’ambassade en Arabie Saoudite, notamment pour les documents officiels et la résolution de problèmes ponctuels.  

(+) : Concrètement, qu’attend la diaspora malgache installée aux Emirats arabes unis de la part des autorités malgaches ?

(-) : Nous aimerions que les Emirats arabes unis soient notamment retirés de la liste des « pays à risques », car il s’agit d’un pays très strict en matière de sécurité.  La loi ici est rigoureuse. Il n’y a de mémoire encore jamais eu de crime ou de violences faites sur des ressortissants malagasy. Par ailleurs, le gouvernement d’ici a mis en place un tribunal dédié pour protéger les travailleurs, accessible 24 heures sur 24 et 365 jours par an. Nous jouons uniquement un rôle de conseil. Nous informons nos membres de ce qui est à faire et à ne pas faire sur leur lieu de travail, et leur indiquons les démarches à suivre en cas de problème.

Nous sommes par ailleurs heureux d’apprendre que le Président prévoit l’ouverture d’une ambassade aux Emirats et espérons que ce sera bientôt effectif.

(+) : Quelles sont les opportunités offertes aux  Malgaches dans ce pays ? 

(-) : Comme dans d’autres pays, les Emirats offrent des emplois dans divers domaines. Quant au tourisme, plusieurs agences organisent des circuits pour découvrir les lieux populaires. L’une des plus renommées est les « 58ème Visiteurs » ou « Shiira Madagascar », que l’on peut suivre sur Facebook.

(+) : L’association aide-t-elle les Malgaches qui souhaitent venir travailler aux Emirats ?

(-) : Nous partageons des offres d’emploi sur notre groupe WhatsApp, mais chacun doit chercher un travail qui lui convient.

(+) : A ce sujet, quels sont les principaux secteurs dans lesquels travaillent les membres de la diaspora ?

(-) : Nous avons des membres travaillant dans les domaines du commerce, de l’import-export, des soins infirmiers, de la restauration, de la gestion, du travail domestique, de la conduite, et de l’immobilier, parmi d’autres secteurs.

(+) : Des conseils à donner à vos compatriotes malgaches souhaitant s’installer aux Emirats ?

(-) : D’abord, il est essentiel de parler anglais. Ensuite, il vaut mieux trouver un emploi en ligne avant de partir pour éviter de dépenser inutilement de l’argent. Il faut également se méfier des personnes mal intentionnées qui font des promesses d’emploi trompeuses. En matière d’investissement, je recommande l’immobilier, qui est sécurisé et dont la valeur augmente chaque année.

(+) : Comment voyez-vous l’évolution de la diaspora malgache dans les prochaines années ?

(-) : En 2017, nous étions moins de 20 membres, et aujourd’hui, nous sommes plus de 700. Les transferts d’argent et d’objets entre Madagascar et Dubaï sont devenus plus simples, et les échanges d’entraide se développent.

(+) : Que pensez-vous de l’ouverture de la ligne aérienne directe Dubaï-Antananarivo par Emirates ?

(-) : C’est très intéressant, car cela réduit le temps de trajet et permet d’emporter trois valises de 23 kg. Nous espérons qu’ils proposeront des tarifs avantageux pour les Malgaches de la diaspora en vacances.

(+) : Un politicien malgache vivant à Dubaï a critiqué la solidarité malgache. Quel est votre avis ?

(-) : Ce politicien n’est pas impliqué dans la communauté malgache ici. Je ne l’ai jamais vu aider qui que ce soit et il semble mal connaître notre situation. Son temps serait mieux employé à nous soutenir plutôt qu’à critiquer.

(+) : Le mot de la fin ?

(-) : Je réitère mon appel en direction du  Gouvernement à assouplir les conditions de travail aux Emirats, un pays sûr, afin que les Malgaches puissent y travailler en toute liberté. Nous, les membres de la diaspora, sommes prêts à créer un centre de formation pour préparer ceux qui souhaitent travailler ici, en collaboration avec le ministère des Affaires étrangères et le ministère du Travail.

 

Recueillis par Lalaina A.

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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