En effet, le CV de Tojo Ravalomanana est pour le moins léger. Sans expérience élective, sans réalisation notable dans la gestion publique ou privée, son principal atout semble être son nom de famille. Un nom brandi comme un étendard, mais qui divise plus qu’il ne rassemble. Plusieurs cadres du TIM, bien plus qualifiés, ont été mis de côté pour laisser la place au "fils de". Des avocats, des chefs d’entreprise, et des administrateurs civils, tous écartés par Marc Ravalomanana dans sa volonté manifeste de perpétuer une dynastie politique.
La personnalité même du candidat est par ailleurs critiquée. Tojo Ravalomanana est effacé par la présence de son père qui prend toujours le devant de la scène, au sens propre comme au sens figuré. Et lorsqu’il daigne prendre la parole, le candidat ne fait que mimer son père dont il reprend la gestuelle mais surtout la manière de parler. Pince sans rire. Son discours sonne lui, creux, comme s’il n'avait rien à dire. Personne ne s’étonne d’ailleurs du fait que Tojo Ravalomanana, qui n’a déjà pas participé au premier débat entre les candidats, n’est encore pas sur la feuille de match pour le second round.
Des casseroles encombrantes
Outre son inexpérience et sa personnalité, Tojo Ravalomanana traîne un passif embarrassant. Une perquisition en février 2012 à son domicile de Manjakatompo reste dans les mémoires. Des substances illicites, « 5 rouleaux de rongony », avaient été saisies, selon un procès-verbal signé par son épouse et dont une photo circule abondamment sur les réseaux sociaux. Les récentes piques d’un adversaire sur ses mystérieux bandages au poignet n’ont fait qu’alimenter des rumeurs gênantes.
Le spectre de la gestion de sa mère, Lalao Ravalomanana, plane également sur sa candidature. Le bilan désastreux de l’ex-maire, marquée par une gestion approximative et des échecs, ternit encore davantage l’image du clan familial. Si l’ancienne édile, malgré l’omniprésence de son mari comme conseiller spécial, n’a pas su relever les défis de la Capitale, que peut espérer Antananarivo d’un candidat sans expérience et entièrement façonné par son père ?
En tout cas, le malaise au sein du TIM est palpable. Des figures historiques, naguère fidèles à Marc Ravalomanana, ont pris leurs distances. C’est le cas de Bodo Razafindrazaka, pilier du parti depuis les années 2000, qui a décidé de soutenir Tahina Razafinjoelina. Même des alliés de longue date, comme l’ex-député TIM Emilien Ramboasalama, connu pour sa loyauté sans faille malgré un passage par la case prison, ont tourné le dos au candidat du TIM. Quant à Hanitra Razafimanantsoa, autre figure clé, elle soutient désormais son mari, candidat indépendant à Ampitatafika, contre le porte-fanion officiel du TIM.
Ces dissidences reflètent un profond rejet des méthodes autoritaires de Marc Ravalomanana, accusé d’imposer ses choix au mépris des réalités locales. Pour beaucoup, la candidature de son fils est perçue comme un affront. En effet, non seulement elle symbolise le népotisme, mais elle prive le TIM d’une stratégie électorale crédible à Antananarivo. Au lieu d’unir, le rejeton Ravalomanana s’avère être un facteur de division qui pourrait bien coûter cher à son parti.
La Rédaction