On ne peut pas faire d’omelette sans casser des œufs. Un adage simple, mais qui semble terriblement difficile à intégrer à Madagascar. A chaque grande ambition, surgit une levée de boucliers. Des protestations, des refus catégoriques, souvent dénués d’arguments solides. L’île, pourtant riche en ressources et en potentiel, s’enferme dans un immobilisme qui plombe son développement.
Prenons l’exemple de l’autoroute Antananarivo-Toamasina. Ce projet phare, porteur de transformation économique majeure, fait l’objet de vives résistances. Certains riverains refusent catégoriquement de céder leurs terrains, quand bien même les procédures d’expropriation sont enclenchées dans le respect des règles, avec indemnisation à la clé. La route ne passe pas ? Le développement non plus.
Même scénario dans le secteur du tourisme. Alors que Maurice ou les Seychelles ont compris que le foncier littoral pouvait devenir un levier de prospérité, à Madagascar, il suffit de parler d’un projet hôtelier sur une plage pour voir les oppositions monter en flèche. On défend bec et ongles un hectare de sable, mais on oublie les milliers d’emplois et les devises étrangères qui pourraient en découler. Résultat des courses, des kilomètres de côtes restent inexploités, désertés par les investisseurs et les touristes.
Et que dire du secteur minier ? Dès qu’un projet émerge, il est aussitôt contesté. Les arguments sont souvent flous, parfois teintés de fantasmes, rarement étayés par des études scientifiques sérieuses. Les richesses minières sont qualifiées de « non renouvelables », donc à préserver ad vitam aeternam ? Ce raisonnement, poussé à l’extrême, revient à ne rien faire, à regarder le potentiel du pays dormir sous terre pendant que la pauvreté s’étend.
Ce n’est pas la contestation qui est problématique en soi. Dans une démocratie, elle est saine. Mais l’opposition systématique, irrationnelle et stérile est un frein à l’intérêt collectif. Il ne s’agit pas de bafouer les droits individuels, mais de trouver un équilibre : garantir une juste compensation tout en faisant avancer les projets structurants.
A force de privilégier les intérêts particuliers, on bloque les grands chantiers, on décourage les investisseurs, on renvoie l’image d’un pays qui dit non à son avenir. Et après, on s’étonne que le pays n’avance pas.
L’heure est venue d’un changement de mentalité. Madagascar a besoin d’un sursaut collectif, pour paraphraser deux anciens Chefs d’Etat. Accepter que certains sacrifices soient nécessaires, que des compromis soient faits, pour que l’ensemble du pays en ressorte grandi. Le développement n’attend pas les tergiversations éternelles.
L.A.