Le 20ᵉ grand synode de la FJKM, qui s’est tenu à Taolagnaro, a livré son verdict. Le pasteur Zaka Hary Masy Andriamampianina, a été élu sixième président de la FJKM lors de la journée de clôture, hier. Une élection qui est tout sauf une surprise pour quiconque suit la vie publique malgache.
Vice-président du bureau sortant, le pasteur de la FJKM Tanjombato Maritiora était l’un des candidats les plus en vue. Bien avant même l’ouverture du synode, son nom était sur toutes les lèvres. Son score net dès le premier tour lors de son élection en tant que membre des Mpiandraikitra foibe avant-hier en faisait le favori ultime.
Faut-il en effet noter que, traditionnellement, celui qui est le mieux élu de ce scrutin est celui qui se fait aussi élire par la suite président de la FJKM. Hier il a ainsi été élu en conclave, par les Mpiandraikitra foibe (dirigeants centraux), puis en séance plénière devant l’ensemble des synodistes.
Son parcours et son rôle au sein de l’église lui conféraient une légitimité reconnue par ses pairs. Il n’est pas exclu que d’autres considérations notamment politiques aient pu peser dans le choix. Le nouveau numéro Un de la FJKM reste dans les mémoires pour un sermon prononcé au Coliseum d’Antsonjombe il y a quelques années. Un message centré sur la foi, mais dont certains passages paraissaient comme une critique du pouvoir en place, divisant alors une partie des fidèles.
Spirituel
Plusieurs attentes pèsent déjà sur ses épaules. Des missions qui sont énormes. Le principal défi du nouveau président sera de renforcer l’unité de l’église tout en poursuivant sa mission spirituelle. Redonner confiance aux fidèles, nombreux à dénoncer certaines pratiques au sein de l’institution, est aussi un travail qui attend le nouveau numéro Un de la FJKM. Beaucoup de fidèles estiment avoir été réduits au rôle de vache à lait au profit du bureau central, voire de leurs propres paroisses.
L’argent aurait pris une place trop importante dans la vie de l’église. C’est la raison de la véritable hémorragie qui frappe cette église. Pour cette raison, nombre de fidèles se sont tournés vers les églises dites zandriny, souvent issues de la FJKM elle-même. Il est également attendu du numéro Un de la FJKM de recadrer ses pasteurs.
Beaucoup trop de pasteurs doivent se recentrer sur leur mission première qui est l’éducation spirituelle des fidèles. Trop souvent, les sermons dérivent vers des critiques dirigées contre les églises zandriny ou vers des considérations politiques au détriment de l’enseignement biblique et du renforcement de la foi.
Un autre défi concerne la gestion des pasteurs. Le système d’affectation a été source de tensions et de polémiques ces dernières années. Une transparence plus renforcée est attendue par les fidèles. Enfin, la FJKM est attendue sur le terrain moral et éthique. Avec son poids spirituel et son influence à travers le FFKM, elle devrait jouer un rôle central dans l’éducation des citoyens à l’intégrité et à la lutte contre la corruption.
Or, la tiédeur, voire la complaisance, de certains leaders religieux a contribué à banaliser les mauvaises pratiques. La corruption s’est ainsi enracinée dans la société malgache, au point de devenir une norme. Il est donc urgent que le FFKM, et la FJKM en particulier, se recentrent sur l’essentiel : guider les fidèles sur le chemin de la droiture, de la justice et de la vérité.
La Rédaction