En s’accrochant à ce texte, Marc Ravalomanana semble vouloir gouverner Madagascar avec des règles de transition vieilles de quatorze ans. Une nostalgie de crise qui frôle l’absurde.
Ce rappel hors de propos soulève aussi une contradiction lourde de sens. Ravalomanana n’est pas connu pour avoir toujours respecté les accords qu’il signait. Les Malgaches se souviennent encore de l’Accord de Dakar de 2002, conclu avec Didier Ratsiraka sous médiation internationale, qu’il s’était empressé d’enterrer dès son retour à Antananarivo. Le défunt Amiral, qui dénonçait déjà en 2009 « les auto-proclamations » de son successeur, n’avait cessé de pointer la légèreté avec laquelle ce dernier traitait les engagements écrits.
Aujourd’hui, plaider l’intangibilité de la Feuille de route relève donc au mieux de l’amnésie, au pire d’une mauvaise foi manifeste. Car si les textes ont leur importance, l’histoire, elle, ne s’efface pas. En l’occurrence Madagascar a tourné la page de la Transition, et l’avenir ne se construira pas en ressuscitant des accords dont l’objet même est révolu.
La Rédaction