A l’issue de leur assemblée annuelle du 4 au 14 novembre à Antananarivo, la Conférence des évêques de Madagascar a diffusé un message adressé à l’ensemble de la population, aux autorités politiques et aux jeunes. Un message dans lequel les évêques rappellent de prime abord que Madagascar traverse une période de changements profonds, initiée par les mouvements populaires de la jeunesse, qui ont conduit à l’établissement d’un Gouvernement de transition chargé de refonder la République.
Selon le message, le peuple a exprimé la demande d’un changement concret dans la gouvernance. Les prélats insistent ainsi sur le fait que la politique doit protéger le bien commun et non les intérêts d’une minorité ou de cercles d’influence. Le clientélisme et la corruption, trop souvent présents dans l’histoire récente, doivent être abandonnés.
Les évêques appellent donc à une réforme profonde des pratiques et des mentalités notamment une politique désintéressée qui cesse de privilégier amis et réseaux au détriment du bien public. Néanmoins, ils expriment déjà leur inquiétude face au risque de voir revenir d’anciens acteurs et méthodes politiques préjudiciables, et mettent en garde contre des personnes rémunérées pour contrecarrer les réformes. « Soyons vigilants », préviennent-ils.
La violence et la vengeance ne peuvent accompagner le développement, appuient en outre les évêques. Cela, disent-ils, n’apportera ni apaisement ni paix. « L’unique voie est celle de la réconciliation, de la solidarité, de la justice et du pardon », écrivent-ils, reconnaissant tout de même que l’application de la justice et de l’équité ne sauraient pas être assimilés obligatoirement à de la vengeance.
Les prélats insistent par ailleurs sur le respect de la durée de la transition, fixée à deux ans, période nécessaire pour mettre en place des bases solides pour le développement et répondre aux besoins immédiats des populations, notamment en matière d’électricité, d’eau potable et d’infrastructures.
Ils exhortent les autorités à gouverner pour le bien commun, réduire le faste et les privilèges, gérer les ressources de manière équitable et prendre en compte les réalités régionales, afin d’éviter la concentration du pouvoir dans les grandes villes. Les réseaux privilégiés qui considèrent Madagascar comme leur propriété doivent disparaître, et les projets durables doivent être menés à terme.
Dans la partie finale de leur message, les évêques soulignent le rôle crucial des jeunes dans cette transition. Leur engagement, moteur du mouvement populaire, doit s’exercer dans le respect des traditions et des valeurs de la société. Il est essentiel de créer des conditions d’éducation et de travail dépolitisées pour leur permettre de contribuer pleinement au développement.
La Rédaction








