En parallèle, la délégation — composée du Ministre de la Santé, du Ministre de la Pêche et du Ministre de l’Économie — ont distribué 400 sacs de riz et 15 millions d’ariary à destination des personnes âgées et des personnes en situation de handicap. Une initiative présentée comme un geste de solidarité à l’approche des fêtes de fin d’année.
Cependant, derrière ce tableau, certains ne peuvent s’empêcher de pointer une contradiction flagrante. Alors que le pouvoir actuel prône la refondation et la rupture avec les pratiques de l’ancien régime, on assiste à une répétition des mêmes gestes de distribution qui avaient tant été critiqués par ces mêmes dirigeants lorsqu’ils étaient dans l’opposition. Force est pour ainsi dire de constater que la promesse de changement semble vite s’étioler.
Même chose pour le langage officiel. Les actuels tenants du pouvoirs s’étaient auparavant distingués par des discours inclusifs et fédérateurs, appelant à dépasser les divisions ethniques. « Arrêtons de parler d’ethnies et d’origines, car nous sommes tous égaux dès lors que nous sommes Malgaches », devaient par exemple déclamer l’actuel locataire du palais d’Iavoloha il y a quelques semaines. Pourtant, lors de son passage dans le Sud, il a tenu des propos qui semblent marquer un retour à des distinctions locales. « Je ne suis pas comme eux. Nous ne sommes pas comme ça. Les Antandroy sont des gens justes et intègres », a-t-il déclaré à Ambovombe. Le président a dénoncé les « calomnies » circulant sur les réseaux sociaux et a demandé à la population de lui faire confiance, promettant de ne pas « déshonorer l’Androy ». Les observateurs avertis ont remarqué que cette rhétorique, bien qu’elle cherche à rassurer, trahit un double langage. La volonté affichée de dépasser les divisions ethniques est mise à mal par des affirmations qui accentuent les distinctions et qui donnent l’impression que le discours de refondation n’est qu’un habillage. Entre le message officiel et la pratique, le décalage est criant…








