Publié dans Politique

Royaume de l'argent roi - L'HJRA, un mouroir pour les peu fortunés

Publié le vendredi, 05 avril 2019

Au gré d'un récent cas malheureux publié sur les réseaux sociaux vers le milieu de la semaine dernière, les pratiques scandaleuses qui ont cours quotidiennement à l'hôpital Ravoahangy Joseph Andrianavalona  (HJRA Ampefiloha -Antananarivo) ont été étalés au grand jour. Sur les centaines de commentaires suscités par la publication en question, ceux prenant la défense des employés de cet établissement étaient rares, pour ne pas dire pratiquement inexistants. Les internautes qui, directement ou non,  ont déjà vécu une amère expérience dans cet hôpital (et ils sont nombreux) ont profité de l'occassion pour dénoncer les comportements ignobles de tous ceux qui y officient : du brancardier au médecin de service, en passant par les infirmiers et autres étudiants stagiaires.

Outre les rudoiements qui ne devraient nullement être dans la nature de quelqu'un sous serment d'Hippocrate, le traitement des patients « au mieux offrant » qui y est érigé en loi est le plus décrié par les internautes. Et si à ceci on ajoute que, en matière de médicament et autres matériels de soin, tout y est payant, et pas au plus bas prix, il n'est pas exagéré de dire que cet établissement public de soins est un véritable mouroir pour les peu fortunés qui ont le malheur et l'obligation d'y être admis.
Anti-chambre de l'enfer
L'écrasante majorité des témoignages rapporte en effet les cas de ces patients qui, faute d'avoir les moyens financiers de « motiver » le personnel soignant, sont pratiquement laissés à l'abandon. Le même sort attend, bien entendu, ceux qui, pour y avoir été emmenés par de simples tiers (de témoins de leur malaise ou de leur accident sur la voie publique), n'ont donc pas de proches pour les prendre en charge financièrement. Pour ces catégories de malades, qualifiés de « tsy mahalala fomba » (qui ne connaît pas l'usage, traduction libre), l'hôpital HJRA sera l'anti-chambre de l'enfer si par malheur, des membres de leur famille ne viennent pas à leur rescousse à temps. Par contre, ceux qui ont pris conscience de la réalité et étant rentrés dans le système sont facilement repérables dans la salle. En effet, une  fois l' « écolage » payé et s'il est judicieusement dispatché, le lit du patient concerné est fréquemment assiégé par une ribambelle de bouses multicolores, contrairement aux autres qui ne le sont qu'aux heures de visite. Un effort financier payant donc mais de longue haleine car, non seulement il doit être consenti à toutes les équipes qui se succèdent pour être constament efficace et pour ne pas attiser les jalousies, mais l'achat des médicaments et des matériels médicaux est aussi une autre paire de manches.
Acte purement crapuleux
En réalité, ce n'est pas tellement le fait de devoir acheter ce dont leur proche a besoin qui révulse les usagers des hôpitaux plublics (du moins ceux qui en ont les moyens), mais plutôt la légèreté avec laquelle les prescriptions sont établies et ensuite, l'utilisation  -  ou plutôt la non-utilisation -- des produits prescrits. D'aucuns dénoncent, en effet, que dans bon nombre de cas, beaucoup de ce qu'on leur a demandé d'acheter n'ont finalement servi à rien. L'on pointe du doigt dans ce cadre, entre autres, la « boulimie » du médecin prescripteur mais aussi le fait que, à chacun de leur passage, des membres du personnel se mettent aussi un point d'honneur à émettre leur propre prescription.
Mais si en faisant preuve de beaucoup d'indulgence, ce qui précède peut encore s'expliquer par de « simples » erreurs médicales, d'autres cas décriés constituent de graves atteintes non seulement à la déontologie de la profession mais aussi à la loi pénale. Il s'agit du vol de médicaments perpétré à la faveur de l'inadvertance ou de l'absence (inévitable) du seul garde-malade autorisé. Un acte purement crapuleux  -  car il est évident que le fruit du vol est monnayé à d'autres patients  -  mais dont la conséquence peut être dramatique, voire fatale, pour le malade dépouillé, si jamais celui-ci n'a plus les moyens de racheter ce qui lui a été subtilisé.
« Izay marary andrianina » ?
A ces faits qui relèvent de la malhonnêteté quasi-généralisée, il faut ajouter une organisation décousue qui, si elle ne pose pas problème au personnel de l'établissement, ne peut que dérouter ceux qui y sont seulement de passage, en l'occurrence les patients et leurs accompagnateurs. Il en est ainsi par exemple du fait de ne pas pouvoir reconnaître, « qui est qui »  et « qui fait quoi » exactement et ce, en raison du non-port d'un badge où le titre du porteur est visible de loin et aussi des uniformes disparates. C'est cette confusion qui est en fait à la source des prescriptions suivies d'achats de médicaments intempestifs, le garde-malade ne sachant plus à qui il a affaire. D'aucuns évoqueront les conditions difficiles dans lesquelles ils exercent leur profession, ou encore le manque d'effectif, pour essayer d'expliquer ce qui est reproché aux membres du personnel des hôpitaux publics à Madagascar. Néanmoins, la situation qui prévaut à l'heure actuelle dans ces établissements, ne datant pas d'hier mais remonte à des décennies, c'était donc en connaissance de cause et que ceux qui y officient actuellement ont fait leur choix en embrassant une carrière dans la santé publique. Dans tous les cas, sans avoir à rappeler le célèbre adage « Izay marary andrianina » (le malade est roi), les patients et leurs accompagnateurs, déjà traumatisés par l'hospitalisation, n'ont pas à être déstabilisés davantage par les sautes d'humeur et la cupidité de fonctionnaires censés être à leur service car payés par leurs impôts.
La Rédaction

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Editorial

  • La faucheuse
    Fossoyeuse ou faucheuse, qu’à cela ne tienne, elle abat allègrement ! La Compagnie nationale d’eau et d’électricité, Jiro sy Rano Malagasy (JIRAMA), tue et abat sans autre forme de procès. En fait, pour le compte du premier quart de siècle de l’An 2000, la JIRAMA fauche tout ce qui bouge sur son passage. Créée dans la foulée et la folie de l’arrivée au pouvoir en 1975 du jeune capitaine de Frégate Didier Ratsiraka, par les avalanches de nationalisations, la JIRAMA voit le jour le 17 octobre 1975. Elle résulte de la fusion de la Société Malagasy des Eaux et Electricité (SMEE) et la Société des Energies de Madagasikara (SEM). Son rôle se concentre sur la distribution des services essentiels dont l’eau et l’électricité à travers le pays. La vague d’étatisations depuis 1975 se manifeste par des initiales « ma » (malagasy) à toutes les nouvelles marques des entités commerciales et…

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