Publié dans Politique

Forêt primaire de Vohibola - L’Etat doit agir … et vite !

Publié le dimanche, 07 avril 2019

Le sort de la forêt primaire de Vohibola à Ambinaninony, Brickaville, dépend du rapport de mission effectué par des collaborateurs du ministre de l’Environnement et du Développement durable Alexandre Georget sur le terrain de mercredi à vendredi, la semaine dernière. La descente a fait suite à des injonctions du secrétariat général de la Présidence  qui était directement saisi de cette affaire à dimension planétaire  actuellement.
Durant son séjour à Vohibola, l’équipe ministérielle a constaté de visu l’état de destruction massive de la forêt primaire de la localité sur la rive gauche du canal des Pangalanes à 60 km de la ville de Toamasina, direction sud entre les villages
de Topiana et d’Andranokoditra. Cette réserve naturelle du littoral est disparaîtrait d’ici peu en raison de l’ampleur de la contrebande, œuvre d’un insatiable réseau de mèche avec des responsables locaux.

Menaces de mort
Dans la journée du 24 mars, un groupe de villageois, tous des volontaires, équipés d’armes blanches ont procédé à la destruction d’un campement clandestin dans la forêt. C’était un message pour les contrebandiers. Près d’une centaine d’individus s’y sont installés peu de temps auparavant. Mais ils ont évacué la zone après le passage des éléments de la direction régionale de l’Environnement et du Développement durable d’Atsinanana avec deux gendarmes.
Une centaine, c’est peu. « Ils ont été plus d’un millier à
envahir notre forêt. Elle est sacrée pour nous. Nos parents l’ont protégée. C’est à nous maintenant de faire de même », dit un représentant de la communauté. Celui-ci reçoit constamment des menaces de mort. C’est aussi le cas d’un couple étranger. Ce dernier a milité corps et âme pour la sauvegarde de la forêt, reconnue être l’habitat unique des espèces qui n’existent nulle part ailleurs au monde.

En infraction
« On s’est battus depuis plus de cinq ans contre un mur. On est en danger permanent de mort. Mais on garde la tête haute », nous a informé le couple. Visiblement, les braconniers et leurs complices sont des personnes dangereuses. Dans la nuit du 23 mars, des villageois avec des journalistes, des correspondants internationaux, ont effectué une patrouille nocturne, sous une pluie diluvienne, à bord d’une embarcation motorisée sur le canal des Pangalanes.
En effet, les patrouilleurs sont tombés sur
d’autres embarcations, visiblement en infraction. Du coup, leurs occupants ont proféré des menaces verbales à l’endroit des patrouilleurs qui ont dû se tenir à l’écart. A Andranokoditra, les habitants ont des soucis pour leur propre sécurité s’ils n’ont eu rien à s’inquiéter jusqu’à récemment. « Les braconniers menacent de nous tuer si nous nous aventurons à les gêner », rapportent leurs représentants. De fait, l’association Razan’i Vohibola, créée en 2016, ne peut rien contre les envahisseurs.

D’origine criminelle
Il y a urgence à Vohibola. D’une superficie initiale de 2 000 ha environ, la forêt est sérieusement affectée. La coupe sélective se double de défrichement systématique, au profit de la production de charbon, et de feux de forêt d’origine criminelle. Les braconniers chassent les lémuriens, dont sept espèces sont recensées dans la forêt. Ils ont aussi mis le feu sur la partie sèche à proximité d’un établissement hôtelier après les interventions du propriétaire.
La zone boisée, la seule à proximité de la ville de Toamasina en longeant le canal de Pangalanes, ne serait plus qu’une histoire d’ici quelques années si le gouvernement ne fait rien dès maintenant. « Cet endroit était densément couvert dans les années 80. Mais il est complètement dénudé à présent », témoigne un père de famille en désignant la lisière de la forêt au cours d’une expédition de vérification sur terrain ce 23 mars.

Difficilement contrôlable
Justin, 80 ans, le plus vieux d’Andranokoditra a fait le même constat. Il est plutôt sceptique. « Je ne donne pas plus de 3 ou 4 ans à cette forêt avant qu’elle ne disparaisse entièrement si la destruction actuelle continue », regrette-t-il. Un autre au village de Tampina, à 9 km de là, a dit que la forêt de Vohibola n’aurait plus que moins d’une année pour survivre si l’actuel rythme de destruction dont elle subit continue.
Les produits forestiers clandestinement prélevés de la forêt de Vohibola partent tous pour Toamasina, la capitale économique de l’île. Le périmètre est difficilement contrôlable. Les contrebandiers en profitent pour opérer à loisir. Les possibilités offertes par la navigabilité du canal de Pangalanes leur facilitent l’affaire avec la complicité des responsables à des différents niveaux. Les contrebandiers, des chômeurs, viennent de Toamasina pour la plupart.
Ils semblent bénéficier d’un appui solide. Des responsables seraient derrière eux. « Le maire (ndlr : celui d’Ambinaninony) a réuni des villageois contre nous. Il veut que nous nous pliions à lui. Mais son réseau de contrebande va être démantelé car c’est soit lui soit nous », nous a informé mardi soir le couple étranger cité plus haut. Depuis quelque temps, ses partenaires et lui ont multiplié les cris d’alerte au sujet de la forêt de Vohibola.

Cas isolé
Les responsables régionaux, quant à eux, accusent le couple de mauvaise foi. « Des villageois sont fâchés contre eux. Ils ne paient pas les patrouilleurs. Pourtant, ils se servent de la forêt de Vohibola pour trouver des financements à l’extérieur. Nous allons prendre une mesure d’ici peu », nous a confié le directeur régional. Les villageois, de leur côté, disent qu’ils protègent volontiers la forêt pour leurs enfants…
Vohibola n’est pas un cas isolé, selon le directeur régional de l’Environnement et du Développement. « Ce genre de problème se produit partout dans les pays pauvres », soutient-il. A son avis, les controverses autour de cette affaire relèvent d’une histoire montée de toutes pièces. La vraie réalité sur le terrain dit plutôt le contraire. Affaire à suivre.

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Editorial

  • Un phare
    « Je voudrais être un phare qui voulais illuminer les démunis et leur apporter la lumière », telle est la déclaration, érigée en confession de foi, de Harilala Ramanantsoa, porte étendard n° 7 de l’IRMAR – UPAR aux communales et municipales d’Antananarivo-Renivohitra prévues le 11 décembre prochain. A l’issue d’un culte d’action de grâce et de louange au temple du Palais de Manjakamiadana, Harilala Ramanantsoa répond à la question des confrères pourquoi a-t-elle choisi ce site historique pour organiser un culte qu’elle devait déclarer ainsi. Qu’est-ce qu’un phare ? Le Robert le définit en ces termes « une tour élevée sur une côte ou sur un îlot, munie à son sommet d’un feu qui guide les navires ». Sur un véhicule, c’est un feu à longue portée pour offrir la meilleure visibilité la nuit au conducteur.

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