Ne pas confondre assainissement et excès de zèle
Quand l’appareil judiciaire s’emballe dans ce vaste projet de redressement de la situation, c’est dans la logique parfaite du mot d’ordre lancé par le Président Rajoelina pour la bonne gouvernance et l’avènement de l’Etat de droit. Par contre, il ne faut pas que les actions, nécessaires soient-elles, soient vues et interprétées par l’opinion en général comme une machine à faire des victimes d’un quelconque règlement de compte politique ou personnel. Quand l’opinion décèle des amalgames quelconques, très vite, les commentaires fusent de partout et très vite celle-ci se range facilement du côté des victimes. L’image du régime ne doit en aucun cas être égratignée par quelques pratiques mal cadrées de certains décideurs de l’appareil judiciaire. Les sociétés civiles ont haussé le ton ces derniers temps en soulevant trop d’amalgames et d’excès de zèle politique. C’est une manière pour tirer la sonnette d’alarme pour que dans notre politique des réformes généralisées, nous restions dans l’observation stricte des sacro-saints principes de liberté fondamentale des citoyens.
Les exemples qui inquiètent
Les mêmes sociétés civiles soulèvent en particulier les mises en détention préventive devenues pratiques courantes ces derniers temps et deviennent des sujets de discussions politiques intenses dans tous les salons. Tout le monde est unanime pour affirmer que le Régime Rajoelina accorde une pleine indépendance au pouvoir judiciaire et cela semble complètement acquis et constitue quelque chose de très positif pour ce régime. Par contre, quand les discussions abordent la liste des gros poissons jetés en prison ces trois derniers mois, on s’accorde à dire que comme si c’était uniquement les barons de l’ancien régime HVM qui en sont victimes. Le cas spécifique du Sénateur Berthin Randriamihaingo vient à juste titre infirmer cette idée de règlement de compte politique orchestré par le régime actuel à l’encontre des hommes de son prédécesseur. Ce sénateur, depuis l’année dernière, est l’un des fervents soutiens à l’élection du Président Rajoelina et n’a jamais exigé un coup d’ascenseur pour devenir candidat dans son fief naturel d’Atsimondrano. Il a pu faire encore des déclarations dans la presse entre la date de sa première comparution devant le juge et son arrestation, il y a une semaine. Il a expliqué qu’il n’était pas inquiété de sa convocation et n’avait même pas l’idée d’engager un avocat pour sa défense car cette histoire de marché fictif dont on parle, dit-il, n’est pas du tout possible car et d’un, trois organismes contrôlent en même temps les réalisations des contrats de marché et on ne sera jamais payé sans un constat matériel et visuel des marchandises en question et de deux, l’origine du financement est un organisme international. Le sénateur Berthin Randriamihaingo a affirmé, pour répondre à quelques journalistes après son audition, que ce sujet n’a jamais été abordé alors que ces rumeurs de marché fictif circulaient déjà et la preuve vous posez la question, a-t-il dit. Il était, souligne-t-il, d’une inculpation de corruption et non de détournement ni de marché fictif. En outre, il a affirmé que si cette affaire a un dessous politique, cela ne viendra jamais du régime actuel. Tout le monde n’est pas sans savoir qu’il est parmi les sénateurs frondeurs qui défrayaient les chroniques ces derniers temps. Un quotidien avait parlé la semaine dernière d’un parti HVM qui se déchire. Est-ce que cela explique en partie la situation désastreuse de ses anciens membres à Antanimora ou à Tsiafahy complètement ignorée par leur ancien patron.
La Rédaction