Publié dans Politique

Incendie de Bazar kely - Un cas énigmatique à décrypter

Publié le dimanche, 28 juillet 2019

La récurrence de l’incendie, ravageant régulièrement le site du marché municipal de Bazar kely à Toamasina, soulève tant de questions selon des observateurs. Cette partie de la capitale économique du pays a connu trois occurrences de feu dévastateur en 15 ans. Elles renferment une énigme difficilement opaque pour bien des esprits. Le Premier ministre Christian Ntsay lui-même a ordonné l’ouverture d’une enquête pour faire la lumière sur le cas récent.
Le sens commun suspecte toutefois une certaine corrélation entre la tenue d’élections municipales et la destruction par le feu du site de Bazar kely. La première fois datait du premier mandat du Président Marc Ravalomanana où l’actuel député de Toamasina I était le maire de la ville du port. Le Premier ministre d’antan en personne, feu Jacques Sylla, s’y déplaçait pour constater de visu les dégâts.
Importants appuis
 Il remettait à la municipalité une somme colossale pour la reconstruction. La donation gouvernementale était à l’origine d’une vive polémique entre la Commune urbaine de Toamasina et le pouvoir central. Le flou autour de l’usage du fonds entraînait le blocage des subventions qui revenaient à la municipalité. Le feu revenait encore sous la transition. De hauts responsables gouvernementaux étaient descendus sur le terrain pour impulser le projet de reconstruction. D’importants appuis financiers étaient déployés. Mais l’amélioration tant plébiscitée ne s’est présentée. Parallèlement, le site du marché de Bazar be a pu bénéficier de la largesse de la compagnie minière Ambatovy. Bazar kely, quant à lui, a continué à croupir sous le poids des âges.


 Suspendus
 Le troisième incendie ayant dévasté le site s’est déclaré il y a plus d’une semaine, plus d’un mois après le changement radical à la tête de la municipalité de Toamasina. L’ex-maire titulaire Elysé Ratsiraka est éjecté de son siège à la suite des problèmes de gouvernance très peu honorables. Les questions financières sont toujours revenues. Le maire et son staff ont été définitivement suspendus de leurs fonctions au début de juin. Une délégation spéciale désignée par l’actuel régime les a remplacés sans qu’il y ait passation de service selon la règle de l’art. Beaucoup seraient tentés de croire à l’existence d’un lien entre ces faits. Il serait toutefois trop tôt de prendre une telle supposition pour vraie.
 Commerce de bois
 La reconstruction des centaines de pavillons au Bazar kely créera sûrement un déséquilibre momentané dans le commerce de bois à Toamasina. Cette filière florissante y est propice à des trafics au détriment des zones forestières à proximité comme les forêts de Tampolo, de Vohibola, de Fanandrana, d’Andranobola… Des responsables et élus locaux ainsi que des agents forestiers, notamment sous le régime HVM, y sont impliqués la plupart du temps.
Les trafiquants et leurs complices pourraient profiter de l’accroissement spontané de la demande en bois pour piller encore davantage les couverts forestiers environnants. Les autorités, et le ministère de l’Environnement et du Développement durable (MEDD) en particulier, doivent prêter une attention particulière à cet aspect par-delà les obligations supplémentaires qui leur incombent à la suite de l’incendie du samedi 20 juillet dernier.
 M.R.

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Editorial

  • Assez !
    « La maison brûle, nous regardons ailleurs ! ». Par cette célèbre phrase devenue légendaire et historique que Jacques Chirac, alors Président de la République française, devait entamer son discours lors de l’ouverture de l’Assemblée plénière du IV ème Sommet de la Terre le 2 septembre 2002 à Johannesburg, en Afrique du Sud. Le Président français voulait faire allusion sur le danger réel que le monde encourt à cause du réchauffement climatique mais les hommes affichent leur indifférence sinon leurs attentions s’orientent ailleurs. Alors que le pays traverse une zone de forte turbulence, nous les concitoyens, les compatriotes, nous passons le clair de notre temps à nous chamailler. La tempête si puissante risque d’emporter le navire, les passagers à bord, trop occupés à se quereller, ne sont pas conscients du péril en la demeure. Jacques Chirac interpelle les « occupants » de la maison de leur ignorance et leur indifférence…

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