En cette deuxième semaine du mois de décembre, les marchés et les rues de la Capitale vibrent déjà au son de Noël. Les jouets, les objets de décoration et autres volatiles jonchent les trottoirs. Cependant, les marchandises peinent à trouver preneurs. En effet, les acheteurs sont encore rares.
« On espérait se faire un peu de bénéfice durant les fêtes de fin d’année, mais actuellement on arrive à peine à écouler quelques articles par jour. La vente des jouets et des sapins artificiels ne marche pas très fort. C’est sur les décorations et les guirlandes qu’on se fait un peu d’argent », affirme un marchand ambulant.
L’impact post-Covid se fait encore ressentir dans la poche des Malagasy si bien que les priorités ont aussi changé, en mettant au second plan les fêtes pour l’instant. « Le coût de la vie a tellement augmenté que je ne peux pas faire des dépenses superflues. Il faut d’abord se concentrer sur la nourriture et les factures ainsi que le loyer. Cela ne sert à rien de faire la fête si demain, on sera endetté jusqu’au cou », explique un père de famille. Il a ajouté : « On verra ce que l’on pourrait faire. On fera quand même des efforts pour les enfants en leur offrant des jouets. Mais il n’y aura pas un nouveau sapin cette année, c’est sûr. On va utiliser celui de l’année dernière. Il en est de même pour les objets de décoration ».
Pourtant, au premier regard, les jouets étalés au marché sont dans la majorité des produits « made in China » et leurs prix sont abordables malgré leur fragilité. Il y a aussi des jouets de seconde main, un peu plus coûteux, mais qui attirent aussi beaucoup de parents. Le problème est lié au faible pouvoir d’achat, combiné à une hausse généralisée des prix, ce qui génère cette réticence à consommer des produits non vitaux.
Du côté des volailles, le constat est aussi amer. Dorés au soleil, les volatiles ne se vendent pas beaucoup. Pas plus que d’habitude en tout cas. Ce sont encore les restaurateurs et les gargotiers qui achètent en ce moment afin d’assurer leurs commandes journalières.
« Les temps sont durs. Autrefois, la quantité des produits disponibles n’arrivait pas à satisfaire la demande en cette période de l’année. Ce sont encore les personnes aisées qui peuvent acheter une dinde. Mais des malins font aussi une cotisation pour acheter rien qu’une seule dinde pour plusieurs ménages. On espère que cette tendance va évoluer plus tard », soupira une marchande du côté du marché de la Petite Vitesse.
Le prix des volailles a connu une hausse conséquente. Ces produits ne sont plus accessibles à toutes les bourses. Les gens préfèrent préparer un repas simple, mais en famille pour les fêtes. « Une dinde est vendue de 120.000 à 180.000 ariary la dinde, 80.000 à 100.000 ariary pour une oie adulte. A ces prix-là, on préfère s’en passer. Avec cette somme, on peut faire mieux. Même si avoir de la volaille à table pour Noël est une tradition, ce ne sera plus possible avec la hausse des prix actuelle. Un peu de pattes, des légumes sautés et beaucoup de fruits, c’est le programme à la maison pour les fêtes de fin d’année. Cependant, les friandises seront aussi mises en avant pour les enfants », concède une mère de famille en train de faire des courses.
Effectivement, la hausse des prix a des impacts non négligeables dans la célébration des fêtes de fin d’année. Cela a modifié les traditions dans beaucoup de familles. Nombreux ménages ne privilégient que les dépenses incontournables. En bref, pour la majorité des Malagasy, en cette veille de Noël, les jouets sont bien par milliers, mais pas l’argent.
Nikki Razaf